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octobre 14, 2025

Le premier long métrage du jeune réalisateur marocain, « Goundafa », a été sélectionné dans la section “Horizons of Arab Cinema” du 46ᵉ Festival International du Film du Caire.

Le cinéma marocain poursuit son ascension sur la scène arabe et internationale. Cette fois, c’est un jeune cinéaste prometteur, Ali Benjelloun, qui en porte haut les couleurs. Son premier long métrage, « Goundafa », vient d’être sélectionné au Festival international du film du Caire, dans la prestigieuse section Horizons of Arab Cinema, dédiée aux nouvelles voix du monde arabe. Un accomplissement fort, à la fois personnel et collectif, pour une génération de réalisateurs marocains décidée à raconter ses réalités, ses mémoires et ses luttes avec sincérité.

Quand la culture devient résistance

Goundafa s’ouvre sur un village amazigh des montagnes de l’Atlas. Un lieu vibrant de musique, où les femmes chantent en travaillant la terre et où les jeunes rêvent de devenir musiciens. Ce fragile équilibre bascule avec l’arrivée d’un imam conservateur, décidé à interdire chants, danses, masques et toute forme d’expression artistique. Le film devient alors le récit d’une rébellion , celle d’un peuple attaché à sa liberté, à ses traditions, et à la beauté de son identité.

À travers cette fable sensible et politique, Ali Benjelloun interroge la place de la culture face à l’extrémisme, de la femme face à la domination, et de la lumière face à l’obscurité. “Ce film est né d’une colère, mais aussi d’un amour , l’amour d’un peuple, de ses chants et de sa liberté”, confie le réalisateur, dont chaque plan respire la tendresse et la dignité des visages qu’il filme.

Fils du réalisateur et producteur Hassan Benjelloun, Ali a grandi sur les plateaux de tournage à Casablanca avant d’obtenir un Master en image en France. Après plusieurs courts métrages remarqués, dont Parcours de réfugiés et Les Âmes vagabondes, il signe avec Goundafa un manifeste contre le fanatisme et un hommage à l’humanisme marocain.

Visuellement, le film est d’une beauté rare : la photographie d’Hamza Benmoussa capte la rudesse et la poésie des paysages du Haut Atlas, tandis que la musique du compositeur Marat Faizullin dialogue subtilement avec les chants amazighs. On y ressent la chaleur du soleil, la poussière des chemins, la force tranquille des femmes, et la résistance qui s’élève dans un silence habité.

Côté interprétation, le film réunit une distribution marocaine solide : Fatima Attif, bouleversante de vérité, Farouk Aznabet, Karima Gouit et Zahia Ez-Zahery incarnent une humanité vibrante, entre douleur et espoir. Le montage d’Iliass Lakhmasse, accompagné du regard du monteur français Julien Fouré, offre au récit une respiration ample, à la fois poétique et ancrée dans le réel.

La sélection de Goundafa au Festival du Caire marque plus qu’une simple reconnaissance : elle symbolise l’émergence d’une nouvelle voix marocaine, à la croisée de la tradition et de la modernité, du local et de l’universel. Le film s’inscrit dans une génération qui, de Tanger à Ouarzazate, redessine les contours du cinéma maghrébin : un cinéma du courage, de la beauté et de la mémoire.

En portant Goundafa jusqu’au Caire, Ali Benjelloun ne signe pas seulement un premier film prometteur. Il signe une promesse d’avenir : celle d’un cinéma marocain fier de ses racines, audacieux dans son langage et profondément humaniste dans son regard.

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