Alber Elbaz est mort en cette nuit du samedi 24 avril 2021. L’enfant surdoué de la mode a succombé à la covid à 59 ans.
UNE VIE BIEN DESSINÉE
Alber Elbaz se dit un pur juif du Maroc. Le styliste est né à Casablanca et s’est forgé à Tel Aviv, entouré de sa mère peintre et de ses autres frères et soeurs (son père, coiffeur, étant décédé quand Alber était tout petit). À 5 ans, le petit Alber griffonne déjà des croquis de robes de Princesses. À 19 ans, il prend le cap de New York et son destin de créateur de talent né, en main.
UNE CARRIÈRE DRAPÉE DE SATIN ET DE CHAGRINS
Après 16 années à New York entre une maison de couture pour mariées et au coeur de la maison Geoffrey Beene, styliste américain mordu de design, Paris finit par accueillir le jeune prodige en 1996 au coeur de la maison Guy Laroche puis à la tête de la direction prêt à porter Rive Gauche chez Yves Saint Laurent. Une courte virée milanaise d’une année seulement chez Gucci, le ramène en grandes pompes à Paris en 2001 pour le poste de sa carrière. Le brillant créateur d’origine marocaine a fait sa gloire et celle de la maison Lanvin en tant que Directeur artistique quatorze années durant. Son départ en 2015 a fortement résonné dans la sphère mode parisienne « Sortir comme ça… Quelle blessure ! Cette maison, je n’arrive toujours pas à en prononcer le nom… Ce fut une déchirure. Monter peut être facile. C’est rester en équilibre au sommet qui est difficile. », s’était confié le créateur à Paris Match faisant référence à la plus ancienne maison française encore active.
DE MODELS ULTRA-FÉMININS À DES MUSES DIGITALES
Alber Elbaz fut incontestablement l’un des créateurs les plus sensibles à la féminité désirable. « Notre métier en tant que designers est d’écouter, pour comprendre. Durant toute ma carréère, j’ai toujours travaillé avec des femmes et pour des femmes » a déclaré le créateur en 2019. Ses années Lanvin ont arrosé le monde de tant de beauté, de grâce et de séduction. Les plus grandes stars d’Hollywood déambulaient sur les tapis rouges dans les drapés renversants du créateur à l’instar de Meryl Streep qui avait reçu son Oscar en 2012 pour « Iron Lady » vêtue d’une toilette en lamé doré. Cinq années après son départ de Lanvin, le couturier revient en force. Pointu dans son monde et à l’écoute des bouleversements de la machine de la mode, il réinvente le luxe et le traduit dans la grammaire du web en créant sa propre boite, AZ Factory, une startup qui prône une nouvelle vision fashion technology. Le natif de Casablanca troque son crayon contre un clavier d’ordinateur et façonne ainsi avec intuition et émotion sa marque de luxe accessible, la première maison de luxe 100% digitale. Succès immédiat sur les plateformes digitales de e-commerce avec un premier fashion show le 20 janvier dernier. Mais un très court ultime succès pour l’artiste au look de clown.
Repose en paix l’artiste!