Le « Sablier » pop de KIVAYIN

Porté par une double culture franco-marocaine, il explore des thèmes universels, du passage du temps à la quête de l’amour durable, tout en cultivant une curiosité insatiable et un amour inconditionnel pour la musique. Son dernier titre, « Sablier, » en est le reflet, alliant sens et esthétique dans une aventure sonore et visuelle profondément personnelle. Rencontre avec Yassine Khial alias KIVAYIN.

Comment décririez-vous votre univers musical en quelques mots ?

Pop Francophone, french fusion, chanson/variété. J’aime jouer entre les styles tout en m’inscrivant dans les codes de la chanson française. Une chanson française moderne avec des influences au sens large et avec du sens. 

Quelles sont vos influences principales, qu’elles soient musicales ou culturelles ?

Les influences sont multiples, je suis un mordu de musique, c’est bien simple, il n’y aucun style de musique que je n’ai pas écouté ou que je n’aime pas. J’ai eu une grande phase rock/metal et une grande phase hip-hop dans ma jeunesse. Puis je me suis tourné aussi vers l’indie rock, la deep house et la musique africaine qui a toujours été une inspiration musicale très importante ! La musique a toujours accompagné mon existence, j’ai, par exemple, aucun problème à aller un concert tout seul, j’ai vu beaucoup de mes artistes préférés en concert, je collectionne les CDs. De manière générale, la culture et la musique sont au cœur de mon développement personnel et de ma quête existentielle. Egalement, et pas des moindres, j’adore la musique folklorique de manière générale, le côté brut, puissant et ancestral m’a toujours attiré.

Comment votre double culture franco-marocaine influence-t-elle vos créations ?

Ma mère est une grande fan de variété française, notamment les années twist (60’s) et la variété française en général. Mon père est un grand fan de la musique chaabi. Donc j’ai toujours été bercé par ces deux influences puis j’ai fait mes découvertes personnelles. Ma maman à l’époque faisait des compilations de cassettes audio en enregistrant les sons depuis la radio. Aussi, j’avais le droit toutes les 2 semaines à une nouvelle cassette dès mon plus jeune âge. Je remercie mes parents pour cela car même s’ils ne sont pas musiciens, ils ont su me transmettre le goût de la musique et de la joie de vivre en général. L’amour du son a toujours été un phare dans mon existence et en même temps, c’est ça la force de la musique. ça vous crée des émotions et vous ancrent dans l’univers. Ca m’a toujours aussi loin que je me souvienne. A 5 ans, je dansais sur du michael Jackson dès que j’en avais l’occasion ! Pour la partie texte, c’est naturel d’écrire en français étant donné que c’est ma langue maternelle et que j’ai fait tout mon cursus scolaire dans le système français.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire « Sablier » ?

C’est à la fois une projection artistique dans le sens où pour moi en tant qu’artiste, le thème de l’amour est un thème central et un passage obligatoire. Créer c’est aimer c’est s’ouvrir aux autres et à soi même. Le processus créatif est émotionnel, le son, les mélodies proviennent principalement de mes émotions. L’étincelle a toujours un lien personnel et ensuite, on dérive sur notre questionnement de la vie. L’amour éternelle existe-t-il ? Si oui comment y arriver ? J’ai tiré pas mal de choses de mon vécu à savoir quand on est amoureux comment faire pour que cela dure une vie, d’autant plus à la lumière d’un monde où la consommation et le plaisir instantané sont devenus légion. Après il s ‘agit là plus d’un questionnement et d’un point de vue sur la question. Je partage simplement un axe de réflexion car j’estime aussi que la musique est une source de questionnement et de développement en général. C’est aussi tout l’intérêt de ma quête artistique, il faut qu’il y ait un sens à la clé. 

Le sablier symbolise le temps. Comment avez-vous intégré cette thématique dans la musique et les paroles ?

Le temps est un sujet central chez moi … Je reste ébahi par le cadeau qui nous est donné de vivre mais ce cadeau a une date de péremption. Donc de manière générale, le rapport au temps sera souvent présent dans mes créations. Ensuite pour ce qui est de Sablier, cela est venu naturellement au refrain. Je pense même que la punchline au rythme du sablier est venue en improvisant sur la guitare et j’ai tout de suite senti que je touchais l’axe que je cherchais.

Le clip de « Sablier » semble être une véritable aventure visuelle. Pouvez-vous nous parler du processus de création derrière cette vidéo ?

Je voulais faire un clip qui ait du sens et soit intimement lié à la chanson. On m’a souvent répété que le clip n’a rien à voir avec la chanson mais je trouve cela ennuyeux et gâcher l’opportunité d’une unité de sens son/video. Mes chansons ont toujours un sens pour moi que ce soit au niveau du thème et de l’idée que je veux développer. Donc le clip devait parler de sensualité, d’amour, des difficultés et du temps qui passe. Une fois le lieu de tournage trouvé, le scénario est venu naturellement en me promenant dans le lieu avec l’ambition de montrer les différentes phases de la relation amoureuse, jusqu’au regret et cette fin énigmatique. J’avais toujours cette idée de course poursuite sensuelle du coup de foudre. C’était aussi le point de départ du scénario à savoir pouvoir mettre en scène cette étincelle du début. Ce moment intense du coup de foudre. Je voulais aussi une fin énigmatique qui questionne. Même moi, je ne sais pas si les personnages sont toujours ensemble après cette scène finale. Est-ce une projection fantasmatique ou la réalité ? Chacun, en fonction de son vécu, aura sa propre version du clip. C’est en tout cas ce que je souhaite, ça voudrait dire que j’ai réussi mon pari. 

Préférez-vous commencer par la musique ou par les paroles lors de la création d’une chanson ?

Pour le moment, et pour l’ensemble des chansons, c’est la musique le point de départ. C’est limite mystique si je peux dire. Je joue de la guitare et ça me procure une émotion. Ensuite, je crée le son et la mélodie. Ensuite, je réécoute et je ressens quelque chose qui m’indique le thème de la chanson. A partir de là, le texte vient très souvent tout seul car l’émotion est là et c’est le point de départ, l’étincelle créative pour le reste. Pour la suite, je vais également essayer le processus inverse à savoir écrire sur un thème et composer la musique. Mais disons que pour le moment, ça n’a jamais été le cas. Ce serait une contrainte artistique que je vais sûrement me fixer pour explorer de nouveaux horizons. 

Avez-vous des rituels ou habitudes qui nourrissent votre inspiration ?

Pas vraiment. Je dirai que je me pose en général beaucoup de questions et que je suis d’un naturel curieux et ouvert. J’ai vécu, j’ai voyagé, j’ai échangé avec beaucoup de gens et je pense tout cela est ma source d ‘inspiration. La vie, le temps et la beauté de ce qui nous entoure versus toutes les contraintes et les aléas quotidiens qui pourraient nous faire percevoir les choses différemment. Pour résumer, je dirai que c’est mon ancrage dans la réalité plus ma capacité à imaginer et être dans ma tête, qui, au final, se combinent pour nourrir mon inspiration. 

Comment trouvez-vous l’équilibre entre spontanéité et structure dans vos compositions ?

Sablier est très structurée car je voulais une chanson pop et entrainante. Sur d’autres, je le suis moins car l’inspiration en a décidé autrement. Après de manière générale, à partir du moment où on enregistre, compose et arrange, la musique répond aussi à certains critères pour que ça sonne. De la même manière qu’un plat de cuisine peut associer des saveurs différentes (voire inédites), il n’en reste pas moins que pour réaliser le plat idéal dont tout le monde va parler, il faut une recette et un protocole pour aboutir à un résultat final qui saura faire la part belle à la créativité mais aussi la qualité d’exécution. Je pense aussi que nous avons une perception erronée sur la musique comme une forme créative libre. Première contrainte, on détermine un tempo et on s’y tient. On a connu mieux comme liberté absolue. Ensuite, il y a les gammes, les accords, les notes … Tout ceci doit être cohérent et sonner entre eux. L’autre aspect essentiel est qui n’est pas du tout spontannée, c’est la technique de mix. Pour que le son sonne, il y a beaucoup de travail en amont et justement d’aspects techniques dont on ne peut pas faire l’impasse. Un exemple concret, dans Sablier, vous entendez une guitare mais j’en ai enregistré 4 différentes sur le refrain. 2 rythmiques pour la stéréo et 2 autres arpèges/harmoniques. C’est, ce qui donne la puissance mélodique dans le mix. J’en profite également pour remercier deux ingé sons qui m’ont accompagné Reda Zniber pour la première phase et Alexandre Tartière pour la seconde. Ils étaient les maîtres de la technique mais ne vous inquiétez pas, je me suis quand même permis de rester spontané et hors des sentiers battus, quitte à avoir quelques débats.

Quels sont vos projets à venir après « Sablier » ?

Il y aura deux nouvelles sorties à la rentrée. Une début janvier et l’autre mi février. Ce seront pour la première une chanson plus chanté/parlé, introspective, egotrip et la seconde, pop rock « dansant » sur un thème de société qui nous parle à tous. Ensuite, de manière générale, dans la mesure du possible, j’essaierai de garder ce rythme d’une nouvelle chanson toutes les 6 semaines afin de faire découvrir l’ensemble de mon univers musical.

Y a-t-il des collaborations artistiques que vous aimeriez explorer ?

Oui beaucoup !! J’en ai tellement, je voudrais une collaboration avec des musiciens africains, des musiciens latinos, des rappeurs (mais en les amenant dans mon univers). Si les choses évoluent positivement, je pourrais même partir sur un concept collaboratif pour un EP ou album. 

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