La Fondation Tamayouz Cinéma, emmenée par la productrice Lamia Chraibi, lance AYWA, une résidence panafricaine inédite destinée aux réalisatrices émergentes du continent. Entre Rabat et Marrakech, dix cinéastes venues des cinq sous-régions d’Afrique vont écrire, tourner et post-produire chacune un court-métrage. Une initiative ambitieuse, soutenue par l’UNESCO et portée par une conviction : donner aux femmes la place qu’elles méritent dans le cinéma africain et international.
Un projet collectif, une vision singulière
La résidence AYWA s’inscrit dans la continuité des Tamayouz Ateliers Pro, mais franchit un cap décisif : elle se veut résolument panafricaine. Pendant six semaines, réparties en quatre sessions, dix réalisatrices de 18 à 35 ans, déjà expérimentées dans le court-métrage, travailleront dans des conditions professionnelles. L’objectif : aboutir à dix films aboutis, prêts à circuler sur la scène internationale, et constituer ensemble une série anthologique panafricaine reliée par un fil narratif commun ancré au Maroc.
Lamia Chraibi affirme : « AYWA est née de la conviction que nos récits ont une puissance universelle, à condition de les dire avec sincérité, liberté et exigence. Offrir à ces réalisatrices un cadre de travail rigoureux, mais profondément bienveillant, c’est leur permettre de se déployer pleinement et de faire entendre des voix nouvelles, fortes, venues de tout le continent. C’est aussi poser un acte de foi en l’avenir d’un cinéma africain pluriel, ambitieux et résolument féminin. »
La démarche repose sur un double enjeu : permettre à chacune d’affirmer une voix singulière, tout en nourrissant une œuvre collective. Cette articulation entre individualité et collaboration reflète une conviction profonde de Lamia Chraibi : « Il s’agit de mettre le collectif au service de la création et de la créativité tout en permettant à chacune d’exprimer sa singularité. »

Donner un avenir aux voix féminines africaines
La sélection 2025 illustre cette volonté de diversité : chaque sous-région du continent est représentée, pour créer un dialogue entre sensibilités, traditions et esthétiques. Comme le souligne Lamia Chraibi : « Réunir des cinéastes des cinq grandes régions du continent permet de créer un dialogue unique entre des sensibilités, des traditions et des esthétiques variées. Cette diversité nourrit l’échange, favorise la coopération transnationale et contribue à construire une vision plurielle du cinéma africain, loin des narrations uniformisées. »
Autour d’elles, un dispositif de mentorat de haut niveau : Hicham Lasri accompagne les participantes dans leur démarche artistique et narrative, tandis qu’Abderrahmane Sissako partage son expérience en ouverture de résidence. Des experts internationaux ,producteurs, monteurs, diffuseurs, coachs artistiques viendront enrichir ce programme.
L’accompagnement ne s’arrête pas au 27 octobre, date de clôture officielle marquée par une rencontre professionnelle et stratégique. Lamia Chraibi insiste : « La résidence continuera à soutenir les résidentes bien après le 27 octobre par l’appui à la diffusion des courts-métrages réalisés au sein de plusieurs festivals et via de multiples canaux. Cela participe d’un travail de facilitation de l’accès aux financements et à la mise en relation avec des coproducteurs, distributeurs et programmateurs. »

À travers AYWA, Lamia Chraibi entend dépasser les obstacles persistants : manque d’infrastructures, rareté des financements, barrières sociales et culturelles. Comme elle l’explique : « Nous voulons montrer que les réalisatrices africaines ont non seulement leur place, mais qu’elles sont indispensables à l’avenir du cinéma africain. »
Avec AYWA, Lamia Chraibi trace un horizon clair : faire émerger une génération de réalisatrices africaines reconnues à l’international, capables de raconter l’Afrique depuis leurs propres perspectives. Plus qu’une résidence, c’est un manifeste pour un cinéma féminin africain, pluriel, audacieux et durable.
