L’excellence scientifique féminine était à l’honneur à Rabat ce 1er décembre, lors de la 19ᵉ édition du Programme Jeunes Talents Maghreb du Prix L’Oréal–UNESCO Pour les Femmes et la Science. Cinq chercheuses maghrébines, algériennes, marocaines et tunisiennes, ont été récompensées pour la qualité exceptionnelle de leurs travaux, ouvrant des perspectives nouvelles dans des disciplines aussi variées que la bio-informatique, la biotechnologie, le génie civil, la chimie analytique ou encore l’intelligence artificielle.

Présidé par le Professeur Benjouad, Vice-Président Recherche & Développement de l’Université Internationale de Rabat, le jury rassemblait des figures majeures du paysage scientifique maghrébin :
les Professeures Rajaâ Cherkaoui El Moursli, Katim Alaoui, Safia Taïri, ainsi que le Professeur Mourad Telmini. Leur expertise a permis de distinguer cinq jeunes talents prometteurs parmi de nombreuses candidatures issues de la région. Chacune des lauréates a reçu un prix de 10 000 €, destiné à soutenir la poursuite et l’impact de leurs recherches.
Un engagement réaffirmé pour la visibilité des femmes scientifiques
Depuis 27 ans, le Prix L’Oréal–UNESCO accompagne les chercheuses du monde entier, avec une conviction forte : la science a besoin des femmes, tout autant que les femmes ont besoin d’un environnement favorable pour déployer leur potentiel. Une conviction que partagent pleinement la Fondation L’Oréal et l’UNESCO, qui soutiennent les femmes de science dans plus de 140 pays.
Les chiffres rappellent l’urgence : au Maghreb, malgré des avancées significatives, la parité reste fragile.
Si l’Algérie compte 47 % de chercheuses, le Maroc en recense 34 % et la Tunisie 31 % parmi les chercheurs. Des pourcentages encore en deçà de la moyenne mondiale, et qui soulignent l’importance d’initiatives structurantes capables de créer une dynamique durable.

La ministre marocaine de la Transition Énergétique salue un programme « essentiel et inspirant »
Présente à la cérémonie, la Ministre de la Transition Énergétique et du Développement Durable a livré une déclaration forte, saluée par l’assistance. Elle a tenu à souligner la portée du programme et l’importance de la diversité dans les métiers scientifiques : « Le Prix L’Oréal–UNESCO Pour les Femmes et la Science est une initiative essentielle qui met en lumière des chercheuses d’exception et inspire toute la communauté scientifique. J’ai moi-même pu compter sur la bienveillance de mes collègues masculins tout au long de mon parcours, preuve que le soutien doit rester au cœur de nos écosystèmes. Aujourd’hui, au-delà du plafond de verre, nous faisons face au glass cliff, ce qui rend indispensable des équipes de leadership réellement diversifiées, notamment dans les secteurs où l’erreur n’a pas de prix. À nos jeunes chercheuses : gardez le cap. Nous sommes à vos côtés, avec des mentors prêts à vous accompagner avec bienveillance. » Une prise de parole marquante, qui a rappelé l’importance d’un leadership inclusif et d’un accompagnement solide pour les scientifiques en début de carrière.

Des partenaires mobilisés pour soutenir une nouvelle génération de talents
Pour Laila Benjelloun, Directrice Générale de L’Oréal Maroc, cette 19ᵉ édition démontre une fois de plus la richesse scientifique du Maghreb : « Ces cinq lauréates incarnent la force de la science lorsqu’elle est portée par des femmes audacieuses. Elles repoussent les frontières de la connaissance et ouvrent des chemins nouveaux. En les valorisant, nous affirmons notre engagement à façonner un avenir plus équitable et plus inclusif. »
De son côté, Charaf Ahmimed, Directeur du Bureau régional de l’UNESCO pour le Maghreb, a insisté sur la dimension historique de cette transmission d’excellence, «Nous célébrons l’héritage puissant des femmes dans les sciences, un héritage encore trop souvent méconnu. Les jeunes chercheuses distinguées aujourd’hui prolongent cette histoire et contribuent à relever les défis de notre époque.»

Depuis son lancement au Maroc en 2006, puis son extension au Maghreb en 2013, le programme a déjà distingué 95 femmes scientifiques dans la région. Chacune d’entre elles contribue, par son travail, à dessiner un paysage scientifique plus juste, plus inclusif et plus innovant. À l’heure où les sociétés maghrébines affrontent des défis majeurs – transition énergétique, santé publique, transformation digitale, changement climatique – la présence des femmes au cœur des solutions n’est pas seulement souhaitable : elle est indispensable.
