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Quinze ans après leur première apparition exclusive dans la toute première édition de HOLA! Maroc en 2009, Jaouad Kadiri et son épouse, Priti Paul, nous accueillent avec une hospitalité aussi chaleureuse que rare dans son dernier chef-d’œuvre architectural : un palais majestueux où tradition et modernité s’entrelacent harmonieusement. Véritable autodidacte, cet artiste visionnaire, fils d’un industriel de la confection et d’une créatrice de lingerie féminine, continue de magnifier l’artisanat marocain avec une élégance singulière. Toujours installé au cœur de la Palmeraie, à seulement quelques centaines de mètres de son premier palais, le Taj Palace, il semble en parfaite symbiose avec son environnement. Dès l’entrée, un vertige grisant nous saisit face au dôme qui surplombe le séjour principal, révélant un univers où passé et futur, spiritualité et science cohabitent avec une grâce infinie. Une musique mystique enveloppe l’espace, puis une voix chaleureuse nous ramène à la réalité : celle de Priti Paul, indéniable âme vibrante des lieux. Issue de l’une des cinq familles les plus influentes de l’Inde, elle se souvient : « Invitée dans les années 2000 à un événement chez Jaouad, je ne suis plus repartie ! » Deux jours d’interviews et de reportage n’ont pas suffi à capturer l’essence de cette nouvelle Home Story, ni à cerner pleinement l’ampleur de l’œuvre de Jaouad Kadiri. À l’image d’un peintre ou d’un cinéaste, il imagine ses projets comme des rêves, les esquisse avec la précision d’un calligraphe, puis les élève au rang de chefs-d’œuvre tangibles. Sa vie, enrichie très tôt par la découverte des Indes, résonne comme une ode au cinéma, où chaque instant s’écrit avec une créativité empreinte d’harmonie et d’élégance.

Cela commence toujours par un rêve. J’ai eu la chance de croiser Stuart Church, autodidacte en architecture et peintre de renom, l’un des derniers et plus grands orientalistes. Il a côtoyé des figures emblématiques comme Matisse à Tanger. Arrivé à Marrakech dans les années 60, à la même époque que Paul Getty, il a découvert l’architecture en réalisant des esquisses pour Bill Willis. Un jour, il m’a confié que la peinture l’ennuyait, car c’était un univers trop petit pour lui.
Stuart Church m’a appris à percevoir l’architecture comme un tableau en trois dimensions. Il traduisait l’essence orientale avec patience et maîtrise des volumes. Cette philosophie m’a profondément marqué et guide toujours ma démarche. Chaque projet devient une symphonie de matières et de perspectives.

Né dans une famille où créativité et savoir-faire étaient omniprésents, mon père dirigeait des usines textiles et ma mère fut l’une des premières designers de Tanger dans les années 40, spécialisée dans la lingerie de luxe. J’ai grandi dans un cosmopolitisme empreint d’ouverture et de liberté, nourri d’un souffle inné pour les tissus, les couleurs et les textures. La vie, les rencontres et les voyages ont fait le reste.

Mon père dirigeait la Royale Marocaine de Textile. J’ai grandi dans cet univers, réparant même les machines à coudre. J’ai étudié le textile en Belgique dans l’une des meilleures écoles. Cet univers a fusionné avec celui de Stuart, qui évoluait avec les volumes.
J’ai connu Stuart grâce à la famille Akaaboun à Tanger. Nous parlions sans arrêt, avons même collaboré. Après mes études, j’ai voyagé, vécu au Brésil, en Indonésie et en Inde, pays que j’ai découvert très jeune et où nous faisions des retraites de trois mois. Nous ne nous sommes jamais quittés durant trente-cinq ans, jusqu’à sa mort.

Le premier d’une lignée comprenant Omar Benjelloun, la famille Crop, Yves Saint Laurent, Pierre Bergé ou encore la princesse Ruspoli. La ville comptait quelques maisons, deux ou trois restaurants. Concernant les riads, c’est Paul Getty qui a ouvert le bal. J’avais 20 ans ! À 28 ans, j’ai construit ma première demeure, que j’ai vendue à Ali Bongo.
Le Louvre a été une consécration de ce que je savais déjà. Mon professeur, qui n’avait été qu’une fois en Inde, expliquait que j’y étais allé 30 fois, que j’y avais vécu et construit des lieux. Je suis un autodidacte pur et dur.

Bien plus qu’un projet, une déclaration. Chaque détail raconte une histoire, celle d’une vision marocaine intemporelle mais évolutive. La modernité, c’est le mélange des cultures. Ce lieu met aussi en lumière les talents qui m’accompagnent depuis des années.
Notre demeure est une fusion de cultures marocaines et indiennes. Ces deux traditions partagent des valeurs communes : générosité, amitié, respect des anciens. Chaque année, nous recevons près de 1000 invités indiens, veillant à leur offrir une hospitalité authentique.

À l’École du Louvre, l’archéologie m’a éclairé sur l’architecture. J’ai approfondi l’architecture islamique, où l’ornement et les volumes remplacent les angles. J’y mêle influences marocaines, bouddhistes et hindoues, intégrant une dimension spirituelle.
En partie. Je suis croyant et considère cela comme un don, mais c’est aussi un travail difficile. Avec Stuart, c’était un apprentissage constant basé sur la patience. Parfois, je travaille dix-huit heures d’affilée sans m’en rendre compte.
Un patrimoine qui n’évolue pas régresse ou disparaît. L’histoire du Maroc est sa force. L’Andalousie en est un parfait exemple. Les Omeyyades incarnaient une vision ouverte et raffinée, tandis que les Abbassides ont introduit une dimension plus militaire. L’équilibre entre tradition et innovation est essentiel.

Essentielle. Je travaille avec des mâalems depuis des décennies. Certains ont hérité du savoir-faire de leurs pères et grands-pères. Ce sont des gens extraordinaires humainement et professionnellement.
Inévitablement. L’Andalousie est omniprésente : architecture, Zellij, poésie, étoffes, parfum. Un héritage infiniment riche.
Je suis profondément marocain, mais j’aime l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, bien qu’il y soit difficile de vivre en sécurité. Tanger reste dans mon cœur. Chaque quartier y était un monde en soi.
Nous n’avons jamais imposé de choix religieux. Ils ont trouvé leur propre chemin. Jad vit à Dubaï et fait la prière d’Al Fajr. Priti ne se pose pas de questions. J’ai visité plus de temples qu’elle ! Nous leur avons offert la liberté d’être eux-mêmes.

Jaouad : Le roi Salman d’Arabie Saoudite voulait marier sa fille à mon fils Jad. La liste des personnalités que j’ai reçues est longue.
Priti : Chaque rencontre est unique, nous veillons à offrir une expérience mémorable à nos invités.
Priti : Une expérience magnifique, empreinte de respect et d’amour, capturant la romance et les rêves qui définissent notre histoire.
Jaouad : J’ai été classé parmi les dix créatifs de la planète par Vogue Homme ! Passionnée de lecture, Priti a fondé en 1992 la bibliothèque Apeejay Anand en hommage à son frère défunt.

Priti : Nos enfants sont devenus de jeunes hommes ouverts au monde, enracinés dans nos cultures.
Jaouad : J’ai laissé derrière moi le monde des soirées mondaines. J’ai traversé une phase d’illumination en Inde, mais ma foi en Dieu est aujourd’hui plus forte que jamais. Peu importe où l’on me place, je sais recréer un monde en trois dimensions. J’ai réalisé mes rêves et j’ai cette chance d’être encore assez proche d’eux.

Ce 28 février, le Maroc célèbre avec fierté et affection le dix-huitième anniversaire de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Khadija. Un événement empreint d’émotion, qui rappelle l’unité indéfectible entre la famille royale et le peuple marocain. Dix-huit ans après sa naissance, la jeune princesse incarne avec éclat les valeurs de continuité et de modernité qui caractérisent la monarchie marocaine.
Le 28 février 2007, l’annonce de la naissance de Lalla Khadija fut accueillie par une explosion de joie à travers tout le pays. Des manifestations de liesse spontanées ont marqué cet événement, des grandes villes aux villages reculés, où les Marocains ont exprimé leur bonheur avec ferveur. Les avenues se sont parées de lumières, des drapeaux ont flotté au vent, et des milliers de messages de félicitations ont afflué vers le Palais Royal. Cet élan populaire, signe d’un profond attachement à la famille royale, témoignait déjà de la place particulière qu’occuperait la jeune Princesse dans le cœur de son peuple.

Dès son plus jeune âge, Lalla Khadija a suivi un parcours d’apprentissage rigoureux, alliant excellence académique et enracinement dans les traditions marocaines. Sa première rentrée scolaire en 2011, sous le regard bienveillant du Roi Mohammed VI, fut un moment marquant, symbole d’un héritage transmis avec soin. À l’instar de son frère, le Prince Héritier Moulay El Hassan, elle a été initiée aux valeurs de responsabilité et de service envers la nation, participant à diverses cérémonies officielles et engagements royaux.
Malgré son jeune âge, la Princesse Lalla Khadija a déjà fait ses premiers pas sur la scène publique aux côtés du Roi. Sa présence à des événements d’envergure, tels que l’accueil des souverains espagnols en 2019 ou la visite historique du Pape François au Maroc, illustre la continuité de la monarchie et l’importance du rôle des nouvelles générations royales. Elle incarne, par sa prestance et son élégance naturelle, une figure d’avenir au sein de la famille royale.

Ce dix-huitième anniversaire marque une étape symbolique, non seulement pour Lalla Khadija, mais aussi pour l’ensemble du Maroc. À travers cette célébration, le peuple marocain réaffirme son attachement au Trône alaouite et son engagement indéfectible derrière SM le Roi Mohammed VI. Les hommages affluent de toutes parts, portés par une affection sincère et une reconnaissance profonde envers une famille royale qui incarne la stabilité et l’évolution du Royaume.
En ce jour spécial, les festivités résonnent comme un écho des valeurs de respect, de loyauté et d’amour qui unissent la monarchie et son peuple. La Princesse Lalla Khadija, devenue une jeune femme accomplie, poursuit son chemin avec la grâce et la dignité propres à son rang. Un avenir prometteur s’ouvre à elle, sous le regard bienveillant de son père, de son grand frère, de sa famille et de toute une nation.

Une muse du caftan aux yeux azur et à la chevelure dorée. S’il ne fallait qu’une phrase pour décrire la Directrice et Conseillère du Président de la Fondation du Festival International du Film de Marrakech, SAR le Prince Moulay Rachid, ce serait incontestablement celle-ci. Ce n’est pas seulement sur le tapis rouge de l’un des plus grands rassemblements cinématographiques au monde que Mélita Toscan du Plantier arbore fièrement l’habit traditionnel. Sur ses hauts talons signés Louboutin, elle a souvent osé des étoffes de velours ou de soie taillées et brodées par de talentueux stylistes marocains. En 2025, l’épouse de Feu Daniel Toscan du Plantier, l’homme qui a eu toute la confiance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour lancer le FIFM en 2001, bouclera son quart de siècle dédié au Festival. L’occasion de raconter à HOLA! Maroc son aventure marocaine, les débuts de ce grand événement et son amour pour le caftan.
C’est en septembre 2000 que Mélita Toscan du Plantier foule pour la première fois le sol marocain, accompagnée de son défunt mari, Daniel Toscan du Plantier, pour poser les fondations du Festival International du Film de Marrakech. « J’ai toujours rêvé d’aller au Maroc, et cette décision a changé ma vie », confie-t-elle avec émotion. De Marrakech à Tanger, en passant par Rabat et Ouarzazate, elle a découvert un pays à la culture vibrante et à l’hospitalité légendaire. « Je suis fascinée par la générosité des Marocains, leur sens de l’accueil et la richesse de leur patrimoine », souligne-t-elle.
C’était en septembre 2000, avec mon mari, pour définir les lignes de la première édition du FIFM, à l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Nous avons rencontré les autorités locales, visité les lieux possibles, etc. Je rêvais d’aller au Maroc depuis des années. Mon mari voyageait trop souvent pour son travail, alors il préférait rester dans sa maison de campagne pendant ses vacances. J’ai compris que si je voulais aller au Maroc, il fallait trouver une solution pour que l’on y travaille (sourire). Chose que j’ai faite, et je n’ai pas été déçue ! Cette décision a changé notre vie et la mienne depuis. Dès le début, j’ai été frappée par la beauté des lieux, la lumière, la générosité des Marocains, la culture, la nourriture et la douceur de ce pays. Cependant, depuis 2001, le festival a su faire ses preuves et est devenu un événement incontournable.

Le Maroc est un pays merveilleux que j’ai appris à connaitre et à comprendre petit à petit. J’y ai vu des paysages époustouflants ! Je suis souvent allée à Tanger avec mes enfants, à Taroudant, Ouarzazate, dans le désert, à Casablanca, Fès, Agadir, mais surtout à Rabat où l’on se réunit pour préparer le Festival. J’aime beaucoup cette ville que je trouve belle et apaisante. C’est à Témara que je suis venue me réfugier avec mes enfants après la mort de mon mari pendant plusieurs semaines. Nous passions notre temps entre Témara, Rabat et la plage de Skhirat.
La première fois que j’ai porté un caftan, c’était en France, à la cérémonie des César en 2003 pour l’hommage à mon mari. Il s’agissait d’un cadeau que je venais de recevoir, et il était devenu évident pour moi de le porter à cette occasion. Plusieurs couturiers français voulaient m’habiller, mais j’ai préféré ce caftan bleu foncé à la fois sublime et sobre. Mes caftans sont tous des cadeaux. J’en possède une quinzaine aujourd’hui.
Drapée dans un somptueux caftan rouge et noir signé Maison Fatim, Mélita Toscan du Plantier sublime l’élégance marocaine avec une grâce inégalée. « Je préfère le caftan à une robe du soir », avoue-t-elle avec une admiration particulière pour les créations marocaines. Lors du dîner royal du 30 novembre 2024, elle brille dans un somptueux caftan en velours noir, orné de broderies marocaines, signé Frédérique Birkemeyer, une tenue qu’elle chérit particulièrement.

Depuis plus de 20 ans, Mélita Toscan du Plantier s’investit avec passion pour faire du FIFM un événement de prestige international. « Les premières années, nous devions tout inventer. Il a fallu apprendre, s’adapter et toujours innover », explique-t-elle. La première édition du festival en 2001, organisée seulement trois semaines après les attentats du 11 septembre, a été un défi de taille. « Il a fallu convaincre, rassurer et prouver que Marrakech pouvait accueillir un événement d’envergure », se rappelle-t-elle.
Je suis effectivement à la Mamounia pendant le Festival, mais je ne loge pas dans la suite Al Mamoun. Cette suite était disponible pour la séance photo et suffisamment spacieuse pour créer différentes ambiances. J’apprécie beaucoup la Mamounia, un site historique de Marrakech et l’un de nos principaux partenaires. Nos invités y séjournent et en repartent émerveillés. J’apprécie également le Royal Mansour, où je réside régulièrement depuis son ouverture. Ces deux hôtels sont des lieux magiques qui mettent admirablement en valeur l’artisanat marocain.

Les deux premières années, je n’avais pas le titre de Directrice, mais je travaillais tout autant qu’aujourd’hui, sans doute un peu plus d’ailleurs, car nous devions tout inventer, créer. Nous nous sommes trompés parfois, alors il a fallu apprendre de nos erreurs pour devenir meilleurs. Nous avons relevé des défis chaque année et nous continuons de le faire. La première année fut la plus compliquée, car elle se déroulait trois semaines après le 11 septembre 2001. Il a fallu se battre pour convaincre, rassurer et sauver cette édition. Elle fut exceptionnelle à bien des égards. Depuis 2018 et avec la naissance des Ateliers de l’Atlas, nous avons trouvé notre identité et la meilleure manière d’aider le cinéma marocain et africain.
Quand je suis au Maroc, je me sens marocaine. Je travaille pour le Maroc et pour son Altesse Royale, le Prince Moulay Rachid. Donc à part la langue que j’utilise, je ne pense pas à la France pendant cette période ! Je ne pense qu’au Festival et à sa réussite. Le FIFM est international comme son nom l’indique, mais il est d’abord marocain et, il est par essence, conçu pour le public et les professionnels marocains. Je suis au service du Maroc pendant cette période. Le cinéma français est à sa juste place, ni plus, ni moins. Les invités français représentent un petit pourcentage, comparés aux autres nationalités. Je travaille avec mes collègues, en grande majorité, marocains. Mon assistante Rita depuis 2004 est marocaine. Ma nationalité n’a pas vraiment d’importance dans ce cadre précis. Ce qui compte ce sont les résultats. D’ailleurs je suis née en France de parents immigrés yougoslaves. Nous ne parlions pas français à la maison et ce jusqu’à la mort de ma mère. C’est à l’école que j’ai commencé à me familiariser avec ma deuxième langue.

Les valeurs familiales ! Le fait que les personnes prennent soins des anciens me touche beaucoup. J’aime aussi le respect que mes amis musulmans ont pour les autres religions. Les Français devraient prendre exemple sur cette richesse d’échanges et de partage. Au Maroc, on connait ses voisins, leurs familles, on s’invite les uns chez les autres, on invite les étrangers et on partage le peu que l’on a. En France ou en Occident, c’est chacun pour soi. J’ai un ami médecin à Marrakech qui est allé soigner les victimes du tremblement de terre dans des villages. Il m’a raconté que les gens n’avaient plus rien mais qu’ils lui proposaient du thé, du café et le peu de nourriture dont ils disposaient. Ce sont des valeurs d’humanité qui me touchent profondément.
Bien entendu ! Je sais ce qu’il a fait pour les femmes et la famille. C’est un exercice difficile, car il faut évoluer tout en respectant la culture marocaine. Mais qui mieux que lui pour le faire ! J’aime voir ensemble des femmes modernes et d’autres plus conservatrices. Parce qu’elles semblent s’aimer et se respecter au-delà de convictions ou de cultures différentes.

Je ne fais pas de politique mais j’ai trouvé la presse française en général injuste et arrogante au moment du tremblement de terre au Maroc. J’ai été choquée de certains commentaires de personnes que j’appelaient « les donneurs de leçons ». Le Maroc est souverain et savait ce dont il avait besoin. Il fallait respecter ses décisions et n’avoir que de l’empathie. On essayait de m’en parler régulièrement et je savais très bien quoi répondre ! Je suis heureuse que la France et le Maroc aient de meilleurs rapports à présent. Cela n’a pas influé sur le Festival, car comme je l’ai dit plus haut, il est international et non Français. Aussi, je suis engagée en raison de mes compétences professionnelles et de ma proximité avec le Maroc.
Les jeunes sont l’avenir ! Le Festival est axé sur eux depuis le début puisque la compétition concerne les premiers et deuxièmes films. En outre nous avons toujours invité les étudiants à y participer. Les projections et les leçons de cinéma sont gratuites. Nous faisons un travail de transmission à travers tous les échanges et encore plus avec les Ateliers de l’Atlas. Il y a une relève inspirante dans le cinéma marocain et aussi beaucoup de jeunes femmes ayant des choses à raconter. Nous serons toujours là pour les aider !

Ma fille a 26 ans et vit en Australie. Elle veut devenir cheffe et pendant le Festival elle a organisé un diner de quarante personnes qu’elle a baptisé « The Atlas dinner » en l’honneur du Maroc, du Festival et de son père. Elle a créé le menu qui comprenait une pastilla, entre autres. Elle a grandi entre la France et le Maroc et ce dernier lui manque terriblement. Je lui ramène toujours de l’huile d’argan, du savon noir, du parfum à la fleur d’oranger et les gandouras de mon amie Norya, basée Marrakech. Mon fils, lui, a 24 ans et est toujours étudiant à Cambridge. Il vient d’obtenir son deuxième Master et prépare une thèse. Son souhait est de faire découvrir ce pays, qu’il adore, à sa compagne, elle aussi étudiante dans la même université.
Le Maroc fait partie intégrante de ma vie, j’en parle et y pense tous les jours. Mes amis marocains me manquent quand je ne les vois pas pendant une longue période. On me pose des questions partout où je voyage parce que je représente le Festival à l’international.

Je l’aime pour sa beauté, l’esprit de famille, le sens de l’amitié, la loyauté, la lumière, la douceur que j’y retrouve et pour ses habitants.

Dans une rencontre empreinte de confidences et d’émotion, Nabil Ayouch et Nisrin Erradi ont illuminé le Festival International du Film de Marrakech avec « Everybody Loves Touda ». Ce long-métrage, véritable hommage à l’art ancestral de l’Aïta, porte en lui une fabuleuse histoire entre le réalisateur et l’actrice, née d’une complicité artistique hors du commun, rappelant l’alchimie du duo Bradley Cooper et Lady Gaga dans A Star is Born.
À l’image de l’histoire de transformation racontée dans A Star is Born, où Bradley Cooper a révélé toute l’âme de Lady Gaga en tant qu’actrice, Nabil Ayouch a su, lui aussi, puiser dans les profondeurs de Nisrin Erradi pour sublimer son talent. La jeune actrice, déjà saluée pour ses rôles précédents, s’est métamorphosée sous la direction du réalisateur, devenant l’incarnation parfaite de Touda, une figure emblématique de l’art de l’Aïta.

“Pour moi, Nisrin était déjà une actrice exceptionnelle,” confie Nabil Ayouch. “Mais je voulais aller plus loin, explorer l’intensité de son jeu et la douceur cachée de la femme qu’elle est. Cela nous a pris plus d’un an de travail ensemble.”
C’est Maryam Touzani, l’épouse de Nabil Ayouch, qui a perçu en premier l’intensité du jeu de Nisrin Erradi. “Maryam a été frappée par sa profondeur et sa sensibilité lorsqu’elle a dirigé Nisrin dans Adam,” raconte Nabil. Séduit par cette aura, il a décidé de bâtir « Everybody Loves Touda » autour d’elle. Mais ce rôle n’est pas arrivé sans travail. Pendant une année entière et six longs mois, Nabil Ayouch a accompagné Nisrin dans une exploration intime de son art, révélant à la fois sa puissance émotionnelle et sa douceur.
“J’ai tout de suite su qu’elle avait quelque chose d’unique. Elle est extraordinaire, une actrice rare,” confie le réalisateur. “Touda, c’est elle, et personne d’autre. Ce personnage ne pouvait exister qu’à travers Nisrin.”

Avec ce film, Nabil Ayouch ne se contente pas de raconter une histoire. Il rend hommage à l’Aïta, ce patrimoine musical marocain qu’il souhaite voir réhabilité. Dans « Everybody Loves Touda », le réalisateur et son actrice nous transportent dans un univers où les rythmes ancestraux rencontrent la modernité du cinéma.
Nous avons rencontré Nabil Ayouch et Nisrin Erradi à la Mamounia, QG du Festival par excellence à chaque édition. Et c’était sans aucune hésitation, une interview presque à bâtons rompus sur la majestueuse et centenaire allée des oliviers, une après-midi ensoleillée de décembre, baignée de lumière et de douceur, sous le son feutré du gravier sous nos pas. Une scène presque cinématographique, à l’image de leur collaboration unique.

Touda n’est pas qu’un personnage : elle est une déclaration d’amour à l’art, à la culture, et à la passion qui unit un réalisateur à son actrice. Un duo qui a fait vibrer le FIFM et au-delà.
Je me souviens très bien de ma première rencontre avec les Cheikhattes. C’était en 1999, au château de Versailles à Paris. On m’avait proposé de mettre en scène la cérémonie d’ouverture de l’événement « le temps du Maroc ». Dans la salle des Batailles du château, qui fait 110 m de long avec un public varié, marocains et français, j’ai éteint les lumières et j’ai mis une Cheikha à chaque bout de la salle, dans le noir et je leur ai dit « envoyez-moi votre « Aïta ». Ça a donné un frisson à toute l’assistance et ça été le début de mon histoire avec les Cheikhattes, qu’on a retrouvé dans certains rôles de mes films, « Les Chevaux de Dieu » et « Razzia », jusqu’au moment où ce vieux rêve de faire un film qui leur serait complètement consacré, se réalise en rencontrant Nisrin.
Oui Nabil m’a raconté cette histoire au tout début de notre travail sur le film. Nous avons passé tellement de temps ensemble à échanger.

Non, je n’ai jamais chanté et ça a été plutôt difficile pour moi de chanter pendant le tournage. Mais Nabil a fait appel à trois Cheikhattes des plus connues et des plus intéressantes selon moi, Khadija El Beidaouiya que Dieu ait son âme, elle était présente au tout début des préparations de l’aventure du film « Every body loves Touda ». D’ailleurs, j’ai joué avec sa « Taarija » pendant tout le film. Elle me l’avait offerte », « Siham El Messfiouiya » et « Houda Nachta », qui grâce à elles, j’ai pu incarner Touda dans le film et transmettre fidèlement son message.
J’ai vu en Nisrin une force, une puissance de jeu phénoménale et c’est ma femme, Maryam Touzani qui me l’avait dit auparavant, quand elle a achevé le tournage de son film « Adam ». Nisrin a un caractère en acier trempé, sans compromis et sans concessions. C’est l’actrice que j’attendais pour lancer ce film. À partir de là, il fallait juste un contrat moral entre Nisrin et moi, afin qu’elle accepte de me donner du temps, un an et demi de sa vie, sans rien faire d’autre, du temps pour se coacher, pour apprendre à chanter, à danser, à parler et à marcher comme les Cheikhattes. Et c’est ce qu’elle a fait, elle m’a dit « je suis avec toi Nabil sur ce film, le temps qu’il faudra, je ne prendrais aucun autre film ». C’est ce travail préparatoire, aussi long et aussi précis qui fait que vous voyez toute cette transformation en Nisrin.
Ce qui rend Nisrin exceptionnelle, c’est qu’elle est une actrice aux multiples facettes. Elle n’est pas seulement forte ou puissante : elle incarne une sensibilité profonde et une fragilité émouvante, comme on peut le voir dans le film. Elle a cette capacité rare de se glisser dans la peau de n’importe quel personnage, en explorant différentes nuances et approches, toujours avec une authenticité saisissante.

Le meilleur ! Le meilleur réalisateur avec lequel j’ai travaillé jusque-là. Beaucoup de réalisateurs ne seront pas contents. Je vous avoue que je rêvais de travailler avec lui et je me disais pourquoi il ne m’a jamais sollicité. J’ai fini par comprendre qu’il me réservait un grand rôle comme celui de Touda.
Nabil Ayouch : Ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Cela demande à une actrice une concentration énorme et une volonté d’incarnation exceptionnelle. Nisrin possède ces qualités, et ce qu’elle a accompli dans ce film est unique. Elle m’a surpris à de nombreuses reprises : elle a su puiser en elle des ressources insoupçonnées, bien au-delà de ce que j’imaginais au départ. À force de travail, nous avons construit un lien et une relation qui allaient au-delà des mots. À un certain moment, les non-dits suffisaient : nous nous comprenions sans avoir besoin de parler.
Nisrin Erradi : Nous sommes effectivement allés très loin dans le travail de direction d’acteurs. C’était difficile pour moi au début, car je connaissais très peu le monde des Cheikhates. Mais tout le travail préparatoire avant le tournage m’a permis de prendre confiance en moi. Grâce à cela, j’ai pu plonger totalement dans le rôle et incarner Touda avec authenticité.

Nisrin. J’ai toujours voulu incarner des femmes fortes et puissantes. Grâce à Nabil, jouer Touda m’a résolument permis de tout donner et de tout sortir du plus profond de moi-même.
Nabil. Touda, c’est un rôle qui attendait Nisrin. Il était là, posé dans un coin depuis quelques années. J’y pensais, j’en parlais avec Maryam souvent et j’attendais de trouver mon actrice. C’est vraiment en voyant Nisrin dans « Adam » et en apprenant à la connaitre que je me suis dit « c’est elle, ce sera elle ».
Oui, il y a des similitudes, notamment parce que les deux films intègrent la danse et mettent en lumière des personnages féminins. Cependant, Whatever Lola Wants s’intéresse davantage au lien entre l’Orient et l’Occident à travers la danse orientale. Avec Touda, c’est différent : on plonge dans une année de la vie d’une femme, une année dans la vie de Touda. Le film suit son parcours intérieur, son voyage géographique, et sa quête d’élévation sociale dans une société comme la nôtre. À travers son art, l’Aïta, il aborde des thématiques universelles. En voyageant avec le film, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, j’ai réalisé à quel point le parcours de Touda, cette femme marocaine, résonne avec celui d’autres femmes à travers le monde. Ce chemin vers l’émancipation et la reconnaissance, cette lutte, trouve un écho universel.

Non. C’est un film qui suit le parcours d’une femme, avec ses rêves, ses espoirs, ses déceptions et avec sa volonté farouche, d’y arriver coûte que coûte pour elle et pour son fils.
Nabil. Il y a plutôt un devoir de vérité : dire et exprimer des choses qui me semblent cruciales à entendre, donner un visage à un personnage qui doit être vu et regardé, ouvrir les consciences, ouvrir les âmes sur une manière de voir ces femmes, ces Cheikhattes, dont l’image s’est pervertie avec le temps. Ces femmes sont des artistes, mais aussi des héroïnes qui ont joué un rôle très important au XIXᵉ siècle dans l’histoire de notre pays. Nous avons tendance à l’oublier. Depuis les années 1950 et 1960, avec l’exode rural, elles ont quitté leurs villages pour les grandes villes. Là, elles ont été obligées de chanter et de danser dans des lieux où circulaient l’alcool et l’argent. D’un coup, elles sont passées du statut d’héroïnes à celui de prostituées ou de femmes de mauvaise vie. Cheikha est ainsi devenu une insulte. C’est une injustice majeure. Il est important de se rappeler que s’amuser en écoutant l’Aïta, puis insulter celles qui la chantent le lendemain, est un paradoxe que je ne peux accepter. J’ai eu envie de faire ce film pour dire aux gens : allez-y, écoutez-les, regardez-les pour ce qu’elles sont vraiment. Leur redonner un statut et une dignité, c’est essentiel.
Nisrin Erradi : À travers ce rôle, je voulais vraiment faire passer le message que les Cheikhattes sont de véritables artistes.
Nisrin. C’est Khadija ElBidaouiya !
Nabil. Khadija ElBidaouiya, c’est une de nos dernières grandes Cheikhattes que l’on avait en vie jusqu’à présent, elle faisait partie des trois cheikhattes qui ont coaché Nisrin. Elle est morte pendant la préparation du film.

Tous les arts se perdent s’il n’y a pas de transmission. Aujourd’hui « l’Aïta » ne se transmet plus, à part de rares Cheikhattes que l’on a citées comme El Mesfiouiya qui est dans l’orthodoxie de « l’Aïta » qui connait tous les registres, il y a très peu de Cheikhattes de 25 ou 30 ans d’âge qui continuent à perpétuer cet art. C’est comme nos artisans, nos artistes Maalams, s’il n’y a pas de jeunes générations qui peuvent prendre le flambeau, ça aussi ca va se perdre ce patrimoine culturel immatériel est si important il faut le préserver et le mettre dans les conditions pour le protéger. L’art de « l’Aïta » est un vrai patrimoine.
Nisrin. On ne décider pas du jour au lendemain de devenir une Cheikha, ce n’est pas comme dans le film. Il faut avoir un talent, une voix de Cheikha, et une âme de Cheikha.
Nabil. Pour moi si le film permet que l’on change le regard que l’on porte sur les Cheikhattes, ce serait un premier pas.
Absolument. J’ai assisté à une projection à Los Angeles et j’ai compris que « Touda » est un personnage qui parle au monde entier, ce n’est pas un film uniquement adressé au public marocain. Des gens à Los Angeles après la projection, m’ont affirmé qu’après avoir vu le film, ils ont compris le monde des Cheikhattes, ils s’en sont plus rapprochés.

Nabil. Ce qui est bien dans le cinéma, c’est que les êtres partent et disparaissent mais les films et les personnages restent ! J’espère que le personnage de Touda va rester, va traverser les années qui viennent. En tous les cas c’est un personnage fort, puissant et qui s’impose.
Nisrin. Je me souviens après le tournage, je voyageais beaucoup pour oublier le personnage, le rôle … et j’appelais Nabil pour lui dire que Touda est toujours en moi. J’ai vécu longtemps avec elle et je pense que le film va vivre longtemps avec les gens. Touda n’est pas un personnage que l’on va vite oublier.

Nabil. On espère que des femmes vont s’en emparer et qu’elles vont y voir ce que j’ai voulu y dire et y raconter.
Nisrin. Lors du festival El Gouna, une femme est venue me voir après la projection pour me dire « Nisrin, je veux te dire que nous sommes toutes Touda »
Entretien réalisé par Ilham Benzakour Knidel
Allée des Oliviers à la Mamounia Marrakech
Captation et montage B-Photographe
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Interview exclusive avec la star internationale et l’icône du cinéma marocain dans un tandem unique
L’enfant prodige du Nord du Maroc rentre dans sa peau de pur Chamali, nous faisant presque oublier sa face de monstre sacré de la production musicale internationale, ayant contribué à l’éclosion de grands noms de scène musicale mondiale, à l’instar de Lady Gaga. RedOne nous parle de Nadir Khayat, de son pays, de sa femme, de ses enfants, de sa maman et de son Roi… Le producteur nous raconte sa rencontre avec Omar Lotfi, son nouvel ami, frère et associé pour le meilleur et pour le cinéma !
« Le Roi est incontestablement ‘Lbatal’, notre Batal à nous tous »
Pour nous, il est The One & the only et, justement, c’est ainsi que l’enfant chéri du Nord a décidé de nommer son aventure à ses débuts. Mais c’était sans compter sur l’humilité et la grandeur de l’âme de celui qui a collaboré avec Jennifer Lopez, Michael Jackson, Madonna … Il s’était dit que « The One c’était trop prétentieux ! » Il finit par s’inspirer du prénom d’un de ses proches amis : Redouane. « Alors, ce sera RedOne, le rouge du drapeau », qu’il vénère tant.

« HOLA ! Maroc me rend fier ! », c’est ainsi que démarre cet entretien tenu au Four Seasons Casablanca, à quelques heures de l’avant-première du film « Lbatal », qui veut dire « héros » et qui nous sert de thématique si forte pour mener cette interview. RedOne, ce géant de la musique mondiale, humble et discret, ne se reconnait pas être un héros, mais nous parle de ses trois héros : sa mère, sa femme et son Roi!
« Ma mère nous répétait toujours qu’il faut écouter le Roi, suivre le Roi et aimer le Roi », nous déclare avec cœur Nadir. Et le destin a fait que RedOne a pu se rapprocher du Roi et confirmer la véracité flagrante de ce que lui inculquait sa mère dans sa tendre jeunesse concernant le Roi. « Le Roi est incontestablement ‘Lbatal’, notre Batal à nous tous ». Dans la vie, être Lbatal, selon le producteur, c’est faire preuve de rigueur comme ligne de conduite : dans sa vie, dans son travail, c’est la valeur clé pour la réussite. Cette même valeur qu’il a trouvée chez Omar Lotfi et qui a permis cette association et cette aventure d’une nouvelle entreprise de production cinéma, qui compte aussi l’adhésion d’Adil Khayat, l’heureux frère de RedOne. « Nous avons plusieurs projets qui arrivent, ‘Lbatal’ est un premier film qui aura d’autres frères et sœurs ». Ce concept de sérieux à toute épreuve est une véritable valeur qui le lie à sa femme et à ses deux enfants. « Ma femme et moi nous nous complétons, j’ai besoin d’elle ! Ma femme est mon héros. » Avec une modestie manifeste, Nadir finit par reconnaître les spécificités de tout le Nord du Maroc, « Il est vrai que chez nous au Nord, tout le monde respecte l’environnement et les devoirs civiques élémentaires du quotidien« .
« Ma femme et moi nous nous complétons, j’ai besoin d’elle ! Ma femme est mon héros. »

Nous comprenons maintenant cette incroyable amitié et complicité, basées naturellement sur des idéaux communs de leur éducation forgée dans le fin fond des montagnes du Maroc, de part et d’autre de l’Atlas : oui, le Nord de RedOne et le Sud de Omar Lotfi. Cette trame bien marocaine caractérise le Made in Maroc, sur le plan humain aussi.

Dans la vie courante, les belles rencontres ne se font jamais par hasard. Je suis persuadé qu’il y a toujours un calendrier divin qui orchestre les rencontres, elles opèrent ainsi par magie. Dans ce cas, c’est un cœur qui parle à un cœur avec cœur et l’être vivant devient profondément pénétrable ! Cette rencontre avec RedOne est pour moi une osmose énergétique dont je reconnais la puissance, la force, la générosité de cet homme. Et quand cela se produit alors que nous sommes à bout de souffle dans notre vie, la rencontre se traduit comme un don du ciel. Je pense que Dieu m’a envoyé RedOne ! Il est bien plus qu’un collaborateur, c’est un partenaire au sens profond du terme. Il a cette capacité unique de comprendre une personne mieux qu’elle ne se comprend elle-même. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons immédiatement ressenti cette connexion créative. Mais nous avons décidé de prendre notre temps pour bâtir cette relation, ce qui nous a permis de nous connaître réellement. C’est grâce à lui que j’ai pu réaliser mon premier long métrage quatre années après notre première rencontre. C’est le temps de Dieu !
L’ironie fait que, dans la vie d’artiste, nous sommes touchés par cette fragilité humaine à tel point qu’on devient comme une trame blanche, prête à être imprimée. Et cette rencontre avec RedOne a imprimé une nouvelle page dans mon histoire après celle du chapitre avec Noureddine Lakhmari pour Casanegra. Ce projet de film Lbatal a eu lieu sous forme d’un partenariat, alors que j’étais venu juste lui proposer un film et avoir son égide. Il a su voir un potentiel en moi que je n’avais jamais envisagé. Il possède une expérience, une vision et une générosité qui vous donnent des ailes. Il m’a encouragé à donner le meilleur de moi-même. Cette confiance qu’il a placée en moi a été un moteur essentiel pour me dépasser et concrétiser ce projet.
« Il a cette capacité unique de comprendre une personne mieux qu’elle ne se comprend elle-même »

Je ne viens pas du monde du cinéma, et je n’ai encore moins l’envie de devenir un jour comédien ! L’expérience des planches fut pour moi une sorte de thérapie pour combler tous les manques que je ressentais dans ma vie de jeune de 18 ans, alors que j’évoluais dans une autre vie professionnelle. Je viens du monde de l’hôtellerie. Ce fut ça, ma chance : passer par le conservatoire de Casablanca durant six années et être impacté par de fortes personnalités de la comédie marocaine, avec lesquelles j’ai eu cette opportunité incroyable de me forger dans les tournées des villages. L’acteur devient tout à la fois guichetier, décorateur, acteur… Et sans transition, laissez-moi vous dire que ma carrière aujourd’hui dans le cinéma tenait à 20 dirhams près ! J’ai été appelé pour le film Casanegra pour un rôle de figurant, et je n’avais même pas d’argent pour faire des allers-retours au studio d’enregistrement. Et encore une fois, c’est l’œil du grand réalisateur Noureddine Lakhmari qui a marqué mon destin en me confiant le premier rôle dans Casanegra !
Absolument. En grandissant, je ne voyais pas d’exemples qui me ressemblaient ou qui venaient de mon environnement. Mais cela m’a aussi permis de tracer ma propre voie, sans chercher à imiter qui que ce soit. Aujourd’hui, je pense qu’il est essentiel d’avoir des figures inspirantes de tous âges, toutes couleurs et tous horizons, car cela nourrit l’imaginaire des nouvelles générations. L’arrivée de RedOne dans le cinéma marocain vient comme une réponse formidable aux lacunes malheureuses du 7ᵉ art marocain. Comme pour la musique, qui sait rapprocher les jeunes et moins jeunes, le cinéma, qui est le nouveau monde de RedOne, me semble déjà devenir une passion pour lui. Il saura donner la chance et prêter main forte à la jeunesse marocaine, quel que soit son genre et son rang social.
RedOne a toujours baigné dans le monde des jeunes, et son génie est d’en rester toujours connecté. Il a ce don impressionnant et remarquable de vous persuader que vous êtes à la bonne place, et cette fameuse énergie de “positive attitude” qu’il porte naturellement en lui.
RedOne essaye toujours de faire régner sa positivité à toute épreuve. Je suis moi-même quelqu’un qui va faire de son mieux pour ne jamais exporter tous les problèmes. C’est une véritable nature qui vous fait avancer vite. Dans notre domaine artistique, les problèmes influent négativement sur le rendu artistique d’une œuvre, d’un film.

“Gorgeous”, m’a-t-il dit, les yeux brillants, en se levant de sa place au premier rang dans la salle de cinéma du Mégarama ! Il était ébahi par la qualité du film. Au fond de moi, j’étais agréablement surpris par sa réaction. « J’ai éclaté de rire durant tout le film ! ». Nous avons imaginé quatre projets de films, et RedOne est déjà partant pour la seconde aventure !
Je respecte le travail de Farah en tant que directrice artistique du film. Je fais une confiance totale en son talent et en son regard artistique. Je lui ai confié une tâche importante, et elle a eu un rôle déterminant dans la réussite du projet.
Elle connaît toutes les répliques ! Elle adore le monde du cinéma, mais pour l’instant, elle a seulement neuf ans et est encore très jeune pour savoir ce qu’elle sera demain ou si elle deviendra actrice. Je veux qu’elle suive sa propre voie !

Mes racines m’aident à rester connecté à l’essentiel. Mes oncles, qui vivent dans des conditions très simples, m’inspirent par leur sagesse et leur concentration sur l’essentiel. Cette proximité avec la nature et la simplicité de la vie me permet de garder les pieds sur terre, même dans un milieu comme celui du cinéma. Je pense être un pur produit du territoire qui m’a vu naître et qui m’a naturellement transmis tout mon patrimoine génétique et culturel. Il n’est de richesses que d’hommes, cette richesse qui prend sa naissance du degré de connexion avec les éléments de la nature. D’ailleurs, l’un de mes deux oncles, Moussa et Houssin, vient de décéder il y a trois mois, suite à une charge mortelle d’un sanglier de la montagne, source d’inspiration et de savoir. Mon oncle Moussa, berger des montagnes du fin fond du sud du Maroc, débordait de sagesse et de savoir philosophique impressionnant, sans même avoir connu les bancs d’école ni quitté son village natal. Il vivait déconnecté de tout, comme il y a un siècle !
Un bon acteur est celui qui peut jongler entre plusieurs rôles à jouer, et cela demande de savoir porter plusieurs émotions différentes émanant de grands scénarios. Malheureusement, nous avons une carence de scénarios au Maroc. J’avais un projet de film autour d’une histoire d’amour dans mon village, alors même que ce registre cinématographique, que les Marocains adorent, à l’instar des films indiens qui faisaient rêver toute une génération, n’est pas encore démocratisé ! Il y a une grande soif du public marocain pour la comédie, ceci cache des malaises profonds. J’en ai la preuve. Les Marocains ne sont pas prêts pour des histoires d’amour, des histoires romantiques. C’est un rejet anormal. Comment se fait-il que nous avons été bercés par le cinéma indien, à tel point que nous allions jusqu’à extraire les bandes musicales des films pour continuer de rêver ? Il est peut-être temps de trouver une solution afin de révéler cette réalité cachée ou dissimulée : pourquoi ne pas s’émouvoir avec une histoire d’amour ? Il faudrait peut-être faire un sondage.
Je ne perds jamais de temps dans le stylisme, je porte ce que j’ai sous la main. J’aime la simplicité, je n’aime pas les accessoires, les montres, les gourmettes. En revanche, j’ai énormément apprécié de porter un smoking chic pour cette séance photo au Four Seasons Casablanca. Cela dit, je ne jure que par la gandoura, que j’attends toujours d’enfiler avec impatience.

Ne forcez pas les choses. Les opportunités viendront à vous si vous êtes sincère dans ce que vous faites. Et surtout, restez ouvert aux rencontres et aux expériences, car ce sont souvent elles qui façonnent votre chemin.
Photo : Joudi Studio
Stylisme Banzola Collection
Chaussure : IO Shoes
Séance photo réalisée au Four Seasons Casablanca
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