Nous connaissons tous cette attitude de rire et de joie incarnée par les marrakchis. Le président de la Confédération Nationale du Tourisme veut en faire une véritable philosophie vibrante de l’art de vivre marocain, à cultiver, tous les jours autour de valeurs du partage et de la bienveillance. Écume des jours de Hamid Bentahar autour d’un échange si inspirant !
« Al Bahja, une énergie renouvelable au cœur de l’ADN marocain »

Rien de mieux qu’un échange autour d’un thé à la menthe pour inaugurer la rubrique “L’écume des jours” de HOLA ! MAROC. Lors de ce moment chaleureux, nous avons eu le privilège de rencontrer Hamid Bentahar, Président de la Confédération Nationale du Tourisme, qui nous a partagé avec enthousiasme la philosophie d’Al Bahja, un concept profondément ancré dans la culture marocaine et qui prône le partage et la bienveillance.
- Un « Apéro Al Bahja » autour d’un thé à la menthe, comment cette idée est-elle née ?
C’est une philosophie simple et accessible à tous, qui propage une énergie bienfaisante autant pour celui qui donne que pour celui qui reçoit. Un simple verre de thé suffit à incarner cet esprit de convivialité et de partage. Cette dynamique est ancrée dans notre culture marocaine, même si nous n’en avons pas toujours pleinement conscience.
- Vous comparez « Al Bahja » à la Dolce Vita italienne ou à l’Ikigai japonais. Comment le définiriez-vous ?
C’est l’essence même de l’âme marocaine. En observant comment d’autres cultures valorisent leur sagesse populaire, j’ai réalisé que notre patrimoine est tout aussi riche. Marrakech incarne « Al Bahja » dans sa quintessence, un art de vivre basé sur l’authenticité, la générosité et la positivité.
- D’où puisez-vous cette philosophie dans votre propre histoire ?
Probablement de mes origines diverses. Ma mère, amazighe d’Agadir, et mon père, rifain du Nord, ont dû apprendre l’arabe pour se comprendre. Leur union est le reflet d’un Maroc multiculturel. Ma mère incarnait l’art de recevoir avec générosité et hospitalité, tandis que mon père m’a transmis la rigueur, la résilience et l’humilité.

- Quelles valeurs composent cet art de vivre ?
« Al Bahja » repose sur la bonne humeur, l’humour et une autodérision bienveillante. Il se manifeste à travers le partage et la générosité, qu’il s’agisse d’un pique-nique improvisé ou d’un banquet organisé avec soin. C’est un état d’esprit qui allie gratitude, harmonie et résilience. Lors des crises, « Al Bahja » a toujours été une force, permettant aux Marocains de trouver de la lumière dans l’adversité.
- Vous souhaitez même « étudier » ce concept. Comment envisagez-vous cette transmission ?
Nous travaillons à transmettre « Al Bahja » à travers les arts traditionnels, comme le Melhoun ou le Gnaoua, mais aussi via des colloques à l’université Cadi Ayyad. Le Festival International des Contes de Marrakech, en janvier prochain, mettra à l’honneur cette philosophie. L’objectif est de connecter cette sagesse populaire aux sphères personnelles et professionnelles, en mettant en avant des valeurs essentielles comme la résilience et le leadership.
Si « Al Bahja » était une couleur ?
- Le vert, symbole d’une énergie renouvelable qui grandit et se propage à travers le partage.
- Si « Al Bahja » était un plat ?
Un met qui symbolise la générosité et le partage, comme le pain, le thé ou un tajine. Un plat que l’on savoure ensemble, dans la bienveillance et le sourire.
- Si « Al Bahja » était une saison ?
La saison des moussems, ces moments de célébration collective où toutes les tribus se rassemblent pour partager leurs savoir-faire et fêter la vie.
- Si « Al Bahja » était un rêve ?
Une prise de conscience collective de cette richesse, immortalisée un jour par un artiste, à l’image de ce qui se fait en Inde avec leur culture millénaire.