Un festival de court métrage de cinéma dans la ville ocre, il fallait y penser, en ces temps de désert événementiel et en pleine expansion de formats audiovisuels courts et très courts propres au monde du digital. La bonne idée de doter Marrakech de son festival du court, revient à deux femmes dont la passion et l’engagement pèsent aussi lourd que le tapis rouge amazigh qu’elles comptent dérouler pour l’événement. Rencontre avec Ramia Beladel co-fondatrice du festival et Directrice exécutive du MSFF.
Au coeur du palais Badii, l’une des places les plus mythiques de Marrakech, qui abritent « Le Marrakech du Rire » et bon nombre de soirées prestigieuses à l’instar du défilé Cruise 2019 de Dior, le tout premier festival réunira pas plus de 70 invités pour 42 courts métrages de réalisateurs émergeants et établis.
- Comment vous est venue cette idée d’organiser un festival de court métrage?
Je retombais amoureuse chaque année de ma ville (Marrakech) durant le Marrakech International Film Festival, je la trouvais glamour, élégante, inspirante, accueillante et surtout pleine d’allure pour briller au niveau et national et international. Je voulais revivre ces moments et surtout inviter les Marrakchis et amoureux de la cité ocre à continuer à croire en la magie de cette ville, c’est ainsi que m’est venue l’idée du festival que Thaïs a orientée vers un format de courts-métrages, ce qui m’a immédiatement motivé.
- Pourquoi Marrakech? Est-ce pour son ADN de ville ocre des stars de cinéma du monde entier ou alors pour son étiquette de ville du tapis rouge du FIFM?
Marrakech n’as pas besoin de prétexte pour recevoir et accueillir une nouvelle activité cultuelle. Généreuse et radieuse, son nom rayonnera toujours et attirera tout ce qui est beau. C’est ma ville natale, pour laquelle j’ai un immense amour mais surtout un grand engagement. Et un amour sans engagement est un amour futile à mon sens.
- Quelles seraient les spécificités d’un festival de court version marocaine? Quelle est votre vision pour les prochaines éditions, partant de cette toute première?
Faire un programme de compétition me paraissait au début un peu trop capitaliste à mon sens mais en multipliant les échanges avec Thaïs Martin, mon associée et ma collaboratrice, nous optons pour une compétition axée uniquement sur les talents locaux mais dans un contexte d’une sélection internationale afin de pouvoir positionner le Court Marocain à l’international. Le coeur du MSFF est d’accompagner les talents marocains et les honorer dans leur pays. Une reconnaissance nationale des talents locaux ne peut que propulser le court marocain vers le meilleur. Même topo pour les prochaines éditions : Compétition marocaine/pays d’honneur/sélection internationale et bien évidement les projections en plein air. La date du festival sera placée entre avril et mai pour des activités payantes. Je crois fortement en le rôle et l’importance de la culture dans la vie sociale et il est temps pour que la chose culturelle passe d’une invitation à une contribution. Quand le public paye, il y a un certain engagement de sa part à soutenir mais aussi à admettre que le secteur culturel est un système socio-économique qu’il faut soutenir.
- Un festival initié, imaginé, organisé par deux femmes, quel serait, s’il y a lieu, selon vous, ce plus parce que vous êtes des femmes, sans tomber dans ce féminisme qui éloigne les hommes des femmes ?
Je parlerai plus d’un message. Il y a tant d’hommes et de femmes qui m’ont inspirée dans leurs parcours mais l’inspiration féminine m’a toujours marqué au plus au point. Vous savez, la société conditionne toujours. Il y a encore des métiers qui sont exercés par des femmes mais leurs noms sont encore conjugués uniquement au masculin. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », comme le dit Albert Camus. Dans le domaine du cinéma – et cela sur le plan international aussi – la place de la femme est peu comparée à celle de l’homme. Heureusement que la première femme qui a osé faire du cinéma entre autre Alice Guy-Blaché, a inspiré une autre femme qui a osé à son tour de faire du cinéma, et ainsi de suite. Je crois qui il y a des êtres qui inspirent par le simple fait d’exister. J’aimerai, à travers l’ existence de notre festival impacter un grand nombre surtout dans ce contexte de covid-19.
- Vous avez un jury éclectique très porté sur des personnalités du monde de la mode et de la photo, est-ce un choix?
Le choix de l’éclectisme est pour moi une évidence en cette ère d’un monde « ouvert ». Le cinéma est le temple de tous les arts et j’espère pour les éditions prochaines avoir plus de diversité dans le jury et de pousser encore plus les barrières entre les métiers des arts et de la culture.
- Dans ce registre, on évoque le tapis rouge, il y en aurait un? Plus court alors?
J’adore contextualiser. Notre festival aura un Amazighi carpet. Court ou long cela dépendra de nos sponsors (rires).