On coupe son souffle pour ne pas perturber ce joli désert au coeur de la ville trépidante de Marrakech. Et on laisse Ahlam exprimer son art d’être elle-même : Une femme simplement marocaine et fière de l’être jusqu’au bout de sa beauté audacieuse et de son anticonformisme fatalement assumé. Actrice et passionnée de mode et de lifestyle dont elle partage les grands moments dans ses réseaux sociaux à plus d’un million quatre cent mille abonnés, la maman de Jad, 11 ans, nous livre en exclusivité, dans les confins du désert d’Agafay, des clichés de rêve. « Je porte ce que je veux ! », pour la comédienne à l’affiche de quatre programmes télé diffusés lors de ce Ramadan, montrer un bout de chair n’est pas la fin du monde mais bien le début de nos libertés individuelles et de nos émancipations féminines. On retrouvera les fous rires de la comédienne quelques jours après, pour notre interview, dans l’obscurité de la plus mythique des salles de cinéma d’Afrique. Ahlam Zaimi, de son petit 36 (tout autant en années de vie), foule la mosaïque art déco, dépoussière les sièges et tire le rideau du Rialto, prêt comme tous les autres cinémas ou presque, à rallumer ses projecteurs.
- Pourquoi ce choix du désert vous qui semblez être très urbaine?
Oui je suis très urbaine et j’adore spécialement Casablanca que je n’ai pas quittée depuis mes études. C’était un choix. J’aime cette ville, son âme, je m’y retrouve, j’y ai mes petits repères. Pour ce shooting, l’idée était vraiment une quête vers ce qui a de plus beau au Maroc et pour moi c’est le désert. Je me suis tout de suite imaginée en robe de soirée, mêlée à ces beaux paysages à couper le souffle du Agafay Desert Camp. L’idée est aussi d’assouvir cette soif que nous avons tous de voyager, en ce temps d’épidémie et le confinement nous rend bien service en nous faisant voir et découvrir ce qu’il y a autour de nous.
- Comment avez-vous vécu le confinement et la crise sanitaire en général?
Ce fut un choc au début, comme pour tout le monde. Et puis nous nous sommes adaptés, nous avons dépassé cette peur qui nous empêchait d’aller de l’avant. D’ailleurs juste après le confinement, j’ai repris mes tournages, mes activités, avec raison et attention bien sûr. Reprendre cette liberté même non totale est une grande joie d’abord mais elle nous fait prendre encore plus conscience des choses essentielles et qui nous tiennent à coeur. La vie sociale pour ma part m’a beaucoup manquée et j’ai hâte du retour à la vie normale et de la manière la plus simple.
- Ou puisez-vous cette force qui est en vous?
C’est très simple. C’est ma détermination! Quand je veux quelque chose je finis par l’avoir. C’est une phrase que je me répète tous les jours car mes objectifs sont différents tous les jours. C’est une phrase qui m’a beaucoup aidée.
- Être maman ça renforce?
C’est ma plus grande force. J’ai une relation extraordinaire avec mon petit garçon, je partage tout avec lui, c’est mon confident, mon petit frère, je suis sa maman, sa soeur, sa copine, cela ne peut que renforcer et enrichir mon quotidien de la manière la plus belle et la plus innocente. Je suis constamment à la recherche de son amour, le tout dans une grande bienveillance. Pour moi c’est naturel en tant que maman mais ce qui est génial c’est que mon petit jadou me témoigne les mêmes sentiments et de la même manière. J’espère que cela dure le plus longtemps.
- Mais en solo ce n’est pas toujours rigolo?
Oui certes mais on peut être heureux différemment. Personne n’a dit que le bonheur passait forcément pas la vie en couple et puis je ne ne peux pas dire que je suis conventionnelle, je refuse de dessiner mon bonheur par des choses décidées par d’autres personnes. Non! Je suis heureuse en étant maman, je suis heureuse en exerçant un métier qui me passionne, je suis heureuse d’accomplir des choses avec sincérité et d’être encouragée par une communauté qui croit en ce que je fais : être proche de ma famille c’est aussi beaucoup de bonheur et une bénédiction de Dieu car je profite d’eux tous les jours. Alors finalement être seule, c’est aussi sympa!
- Votre famille, vos parents semblent être très proches de vous? C’est votre volonté? Quelle éducation vous ont-ils donnée?
J’ai décidé de poursuivre mes études au Maroc afin de rester proche de mes parents. Je ne regrette pas ma décision. Encore une fois, mon bonheur n’allait pas se dessiner à travers un diplôme que je n’allais peut-être pas avoir ou ne pas utiliser. Une valeur sure pour moi reste la famille, c’est une valeur qui va exister toute ma vie et m’accompagner dans tous mes moments difficiles. C’est un choix qui m’a assuré un grand équilibre.
- Comment a grandi la toute petite Ahlam ?
Je suis l’aînée d’une petite soeur cadette de deux ans et un petit cadet de six ans. Mes parents ont toujours été cool, de bons vivants, d’ailleurs l’un de nos grands rituels, c’est de voyager tous les mois au Maroc et tous les trois mois à l’Étranger. Cela a forgé cette valeur de tout partager sans tabous. Pour ma part j’ai toujours trouvé du réconfort auprès de ma famille. Pour moi la meilleure oreille, c’est celle de mes parents.
- C’est ainsi que vous éduquez votre fils?
Jad reçoit la même éducation portée sur l’amour et le respect mais également la liberté et la joie. Vu mon agenda chargé, mon fils passe énormément de temps avec ses grands-parents qu’il adore. Ceci dit, son père est tout autant présent, tous les deux pratiquent beaucoup d’activités sportives, du surf, du skate et tout plein de disciplines divertissantes. Mon fils est aimé et il vit concrètement cet amour et cette attention, car il comprend mon métier et en saisit maintenant les avantages et les inconvénients. D’ailleurs il pose tout le temps des questions et témoigne un grand intérêt pour mon travail. Il rejoindra peut-être un jour mes tournages!
- Tout semble vous réussir mais alors côté coeur ?
C’est le désert! (voilà la réponse de Ahlam : un grand souffle pour mimer un vide absolu).
- Les réseaux sociaux, la télévision, le cinéma, le star system en général, expose à la célébrité et ses revers de la médaille, vous êtes d’accord?
Chacun a sa propre gestion de ses réseaux sociaux. En ce qui me concerne, ce sont des valeurs qui me parlent que j’expose, ceux de la famille, la mode, les voyages, ceux de femmes marocaines, fortes, émancipées, libres. Par exemple sur ma page instagram, je vais être habillée comme je veux, si je trouve que la robe que je porte me va bien. Alors je l’assume et j’assume mes petits décolletés. Je vais souvent accompagner mes posts de messages qui expriment ce langage de sincérité qui me permet de communiquer et d’influencer positivement ma communauté. Les gens aiment me voir en famille mais je me garde tout de même certaines limites. Sinon, j’aime tout partager, mon actualité cinéma, mon sport aussi pour motiver les gens. C’est un beau challenge que j’ai réussi. J’ai influencé beaucoup de gens qui ont commencé à bouger et par la même occasion, cela me motive aussi car nombre de fois je suis fatiguée, mais sachant les gens attendre ce rendez-vous, alors je bouge et je remercie ma communauté. Cette relation win win se construit sur des bases saines et surtout sur une sincérité absolue.
- Que dites vous de ce public qui juge, et qui envoie de la haine et pas seulement dans les sphères marocaines mais la toile planétaire?
Sur la toile la critique a des conditions, les gens insultent et passent leur haine sous le sceau de la critique. Ce sont des gens haineux qui se cachent derrière leur téléphone pour essayer de faire du mal. Pour moi, il faut différencier entre la critique et la haine.
- Cette force-là de rester positif dans un monde hostile fait partie de la recette de l’influence au féminin?
La seule bonne recette serait d’être totalement convaincu de ce que l’on fait. Voilà pourquoi personnellement, je survole cette haine.
- La femme marocaine est-elle libre à votre avis?
NON! On s’impose, on veut être libres, on veut croire que les femmes marocaines sont libres, mais à quel prix? On fait semblant d’être libres, on se bat pour être libres et c’est un combat de tous les jours, pour toutes les petites choses de tous les jours, propres aux femmes.
- Vous êtes de tous les programmes télé et cinéma ou presque, que vous reste-t-il encore à investir?
On m’a beaucoup vu à la télé ces derniers mois. Du drame à la comédie, j’ai multiplié les rôles pour des personnages totalement différents. C’est un exercice extraordinaire pour un autodidacte comme moi. Oui cette année fut intense et superbe et le meilleur est encore à venir. Je reviendrai avec ma propre boite de production, voilà pour le petit scoop.
- Ahlam veut dire rêves. Vous rêviez de devenir ce que vous êtes aujourd’hui? De quoi rêvez-vous pour 2030?
Je rêve d’être une femme heureuse et épanouie par ce qu’elle fait, de rester passionnée par ce qu’elle donne, de demeurer en paix avec elle-même et avec toutes les personnes qui l’entourent.