La Journaliste et Consultante Média prend part au mouvement « Les femmes sur leur 31 » et nous livre ses pensées sur la journée de la femme.
- Que représente pour vous l’expression « Se mettre sur son 31 »?
Pour moi, pour être sur son 31 et pour que ça puisse faire son effet, il faut commencer par travailler le fond. Parce que quand on est heureuse, épanouie et prête à affronter le monde, c’est évident que ça se reflète à l’extérieur. Des fois, tu peux porter une belle tenue, bien te maquiller, et même comme ça tu sens que quelque chose ne va pas. Pourquoi ? Parce que des fois ton moral et ta santé mentale ne sont pas au top, et tu n’es donc pas sur ton 31. Alors, pour que je sois toujours sur mon 31, il faut que ça commence de l’intérieur pour que ça se projette à l’extérieur.
- Le 8 mars alors, c’est une journée qui vous agace ?
Il faut beaucoup de travail pour que l’essence du 8 Mars se dégage. Moi, j’aime beaucoup ce jour-là, parce que c’est un jour de célébrations et d’hommages. On a la chance de rencontrer des femmes et de faire connaitre des femmes qu’on ne connaissait pas forcément. Là, les médias font leur travail deux fois, ou alors ils font le travail tout au long de l’année pour préparer ce jour et rendre hommage à ces femmes pour honorer leur travail et les efforts qu’elles ont pu déployer, chacune dans son domaine. L’origine du 8 Mars est une lutte, et nous avons transformé la chose en célébration et hommage. Aujourd’hui, la femme marocaine lutte chaque jour. Elle lutte en prenant soin de son foyer, de son mari et de ses enfants, pour enfin prendre soin d’elle-même, s’il lui reste encore du temps pour le faire. Quand elle est en route vers son travail et ses occupations, elle lutte encore une fois, que ce soit face à des situations de harcèlement sexuel, de violence. Arrivée à son travail, il se peut qu’elle soit à l’aise dans ce qu’elle fait ou pas. Il est possible qu’elle se retrouve face à des situations d’abus de la part d’un collègue misogyne par exemple, avec quelqu’un avec qui elle ne s’entend pas bien et qui lui mène la vie dure. Aujourd’hui, je dis que la femme marocaine est une femme qui lutte chaque jour et qui ainsi se rend hommage à elle-même au quotidien, en attendant l’arrivée du 8 Mars pour voir si quelqu’un a pris le temps de lui rendre hommage.
La lutte pour les droits de la femme a ralenti ces 10 dernières années. On ne voit plus des acquis dans le domaine des droits de la Femme, au niveau social et économique, et c’est quelque chose qu’on a pu remarquer en tant que femmes. Il est vrai qu’il y a eu une révolution et plusieurs mouvements. La Moudawana a connu des modifications en 2004, et on a assisté à beaucoup de changements. En 2014 aussi. Une mère marocaine peut aujourd’hui donner la nationalité à son enfant. Aujourd’hui, et Dieu en soit loué, si une fille ou une femme est victime de viol, elle n’est plus contrainte à épouser son violeur. Il y a beaucoup d’aspects qu’on voit s’améliorer, mais je pense qu’il y a aussi un ralentissement au niveau de la lutte pour les droits de la Femme.
- Quelle part donne votre programme et votre média à cette journée et à la cause féminine en général?
J’ai travaillé pendant 15 ans à la radio. Le premier jour où j’ai intégré la radio, une femme avait négocié nos salaires à tous. J’étais la seule femme dans la nouvelle promotion et mon salaire était le plus bas. Je n’ai pas accepté cette situation sachant que j’étais encore jeune et que je venais à peine d’intégrer le monde du travail. Je me suis rendue au bureau du directeur et je lui ai dit que je méritais d’être payée pareil que tous les membres de ma promotion. Il a répondu qu’il était d’accord et m’a accordé ce qui me revenait de droit. Après toutes ces années, je remercie encore ce Monsieur.
Dans le monde du travail, on peut rencontrer des personnes qui respectent la femme et la considèrent, et reconnaissent qu’elle fournit des efforts énormes. C’est vrai que dans notre société, on a autant besoin de la femme que de l’homme, il n’y a aucun doute là-dessus. Malheureusement, on préfère croire qu’un homme peut occuper certaines places mieux qu’une femme, et ce genre de remarques vient généralement de personnes qui manquent d’intelligence et de recul. Dans ma vie, j’ai malheureusement dû rencontrer ce genre de personnes. Et puisque j’avais le choix, j’ai choisi de ne plus les avoir dans mon entourage et de ne plus travailler avec elles. En fait, il ne s’agit pas que d’égalité : certaines personnes croient qu’il ne peut pas y avoir d’égalité homme-femme et je suis d’accord. Il y a certaines choses qu’un homme fait qu’une femme ne peut pas faire, comme il existe une panoplie de choses qu’une femme fait qu’un homme ne saura pas faire. Et c’est pour ça qu’on a besoin aujourd’hui d’une justice entre l’homme et la femme. Je viens de me rappeler à l’instant de la situation d’une femme divorcée au Maroc. Il y a des femmes qui décident de ne pas divorcer malgré les misères qu’elles subissent dans leur foyer de peur que leur niveau de vie ne chute, que leur mari ne leur mène la vie dure pendant le processus eu divorce, qu’il ne leur donne pas leur pension, elles pensent à leurs enfants…C’est un volet parmi d’autres que j’espère connaitra une amélioration pour que la femme puisse vivre une vie digne peu importe sa situation. À ce sujet, et dans le cadre de la lutte pour l’amélioration des conditions de vie de la femme, je présente une émission qui s’appelle « 3ichi Mertaha » (Vis épanouie). Le titre à lui seul évoque le message qu’on essaie de passer à l’auditrice. On voudrait lui dire d’être épanouie dans tous les aspects de sa vie. On voudrait encourager la femme, qu’elle soit femme au foyer ou PDG. Aujourd’hui, si elle vit une situation difficile, on lui présente à travers notre émission des success stories racontées par des femmes qui sont passées elles-aussi par des difficultés et qui ont pu les surmonter. On vit dans une ère où le meilleur moyen d’aider des personnes à surmonter leurs difficultés et remonter la pente, c’est de leur raconter des success stories d’autres personnes qui sont passées par la même chose, ainsi, elles en tireront une leçon et l’appliqueront.
- Et si vous citiez 31 adjectifs qualificatifs de la femme marocaine…
La femme mérite plus que 31 adjectifs. La femme est persévérante, courageuse, traditionnelle et moderne, douce et ferme, patiente… je parle de la femme marocaine… belle, très belle, présente dans les difficultés. La femme de la situation, c’est la femme marocaine.
« Les femmes sur leur 31 » est une action engagée bien féminine initiée par la rédaction de Hola! Maroc et celle de Visage du Maroc. D’une part le média des célébrités marocaines d’ici et d’ailleurs et d’autre part la plateforme qui met en avant les femmes marocaines entrepreneurs dans divers domaines prédominants de la société marocaine. Chaque deux mois, 31 femmes influentes de diverses univers se prennent au jeu de la photo et de la vidéo, vêtues d’un tee-shirt à l’effigie de la campagne « Les femmes sur leur 31 » et nous livrent leurs pensées sur le 8 mars