SOFIA MESTARI ET SANAA KADMIRI CHANTENT FATMA : DES VOIX QUI RÉSONNENT HAUT DANS LES VILLAGES DU MAROC

Un chemisier à jabot blanc immaculé, une salopette, un sourire tout aussi frais et pur que l’uniforme que portent Sofia Mestari et Sanaa Kadmiri pour la photo officielle de leur chanson « Fatma ». S’il ne restait qu’une seule cause noble à défendre sur cette terre, ce serait celle que portent désormais les deux chanteuses aguerries, l’une donnant de sa voix depuis plusieurs années et nombre d’albums à son actif et l’autre qui décide enfin de garder le micro qu’elle tend depuis bien plus de trente ans sur diverses scènes du petit écran marocain et d’entamer une toute nouvelle étape de sa vie d’animatrice télé : La chanson. Sofia et Sanaa chantent pour que Fatma aille à l’école dans les meilleures conditions, qu’elle vive dignement et qu’elle soit le porte-drapeau de l’éducation des petites filles dans les villages du Maroc.

« Le chemisier représente aussi un lien commun, familial, puisque Sanaa Kadmiri, et moi-même, sommes avant tout, cousines »

  • Sofia Mestari pose pour Hola! Maroc © Kamal Harakat

    Un duo de femmes qui chantent une femme, qu’est-ce que cela veut dire pour vous ?

Sofia. En réalité c’est un duo de femmes qui chantent une petite fille, deux femmes qui chantent l’enfance, une petite fille qui deviendra femme justement et qui pour se faire, pour devenir une femme accomplie, épanouie, elle a besoin de nous, elle a besoin d’une main tendue, elle a besoin de moyens et de l’école en particulier pour y arriver, sur- tout dans ces régions enclavées du Maroc où la scolarité est encore plus importante pour se sortir de ces difficultés.

Sanaa. Je me battrai toujours pour les droits de Fatma.

  • Qui est Fatma et qu’est-ce qu’elle représente pour vous ?

Sofia. Fatma est une petite fille des montagnes. Elle représente l’enfance en fait, elle inspire d’aller à l’école tout en vivant dans les montagnes enclavées de notre Maroc. Une petite fille qui a des rêves, elle a des inspirations comme tout enfant a le droit d’en avoir. Pour que Fatma y arrive, elle doit aller à l’école. Nous savons tous combien l’école est un moyen d’émancipation, mais Fatma a non seule- ment besoin de l’école mais de tous ses droits élémentaires, que ce soit évidemment le droit d’avoir sa famille autour d’elle, le droit d’avoir un toit, le droit d’avoir un minimum de nourriture ou encore le droit à la santé… Fatma est avant tout une petite fille dont nous devons prendre soin afin qu’elle soit la plus épanouie possible, pour nous représenter, représenter les femmes. Fatma représente aujourd’hui le Maroc de demain.

Sanaa. Fatma représente l’espoir et l’avenir de notre pays.

  • Sanaa Kadmiri pose pour Hola! Maroc © Kamal Harakat

    L’art en général et la chanson en particulier sont bien un vecteur d’inclusion des femmes n’est-ce pas !

Sofia. L’art et la culture pour moi sont vecteurs de l’humanité. Évidemment que l’art est un moyen d’expression, un exutoire très souvent et un moyen de faire passer des messages quant à la question de la femme, sa position et son rôle important dans la société, dans le monde. De façon générale, l’artiste doit faire en sorte que son message soit fort, censé et surtout lumineux et nourri de bienveillance. Bien sûr que la culture est femme.

Sanaa. La femme est Art à la base. Elle ne peut qu’amener une touche créative à son art et une sensibilité certaine à son message.

  • Ce beau chemisier à jabot, inspire tant de messages dont celui d’une belle synergie féminine, forte et frappante, d’où émane-t-elle ?

Sofia. Merci pour le compliment et au passage merci à la marque Ribelle. En effet, cette chemise est un petit symbole vestimentaire que nous avons souhaité commun à nous deux, à l’artiste Sanaa Kadmiri et à moi-même. D’abord parce que nous avons trouvé le chemisier esthétiquement joli, et puis il signifie aussi un message commun : la couleur blanche pour nous était importante. Le blanc évoque un message de pureté, dénué de tout intérêt ni d’opportunisme, bien au contraire. Un message plein de bienveillance, d’encouragement et de motivation, d’une volonté commune de faire bouger les choses et d’accompagner cette enfance qui n’a pas peur des mots, qui a besoin clairement de nous, celle qui vit dans nos montagnes et dans nos régions enclavées du Maroc. Le chemisier représente aussi un lien effectivement commun, familial, puisque Sanaa Kadmiri, et moi-même, sommes avant tout cousines.

Sanaa. Il n’y a pas une petite fille qui n’a pas au moins une fois dans sa vie, porté un petit chemisier blanc avec une salopette pour aller à l’école. Pour nous, c’était évident. Nous savions, Sofia et moi-même que cette tenue allait faire réfléchir.

© Kamal Harakat

  • Sofia, tant de chansons à votre actif, qu’a-t-elle Fatma de si spécial pour vous ?

Pour tout vous dire c’est un moment particulier de ma vie. Après ces quelques années d’absence ou j’ai souhaité un peu voyager pour trouver l’inspiration, je reviens cette année avec beaucoup de bonheur puisque le 27 septembre, j’ai sorti mon nouveau single intitulé “si je ne t’avais pas », le jour de mon anniversaire et bien sur “Fatma”, cette chanson si importante que je chante avec Sanaa Kadmiri de surcroit ! J’en profite pour nommer toute l’équipe qui a participé à la réalisation du clip, Mustapha Jarouih le compositeur, Omar Bouachra le co-compositeur, DJ Van et Amir Rouani qui nous a fait le bonheur de réaliser ce clip en montagne. “Fatma” a fédéré beaucoup de belles énergies, du talent et un travail colossal surtout pour le clip réalisé au coeur de la montagne. Des journées de tournage assez laborieuses mais on voulait être dans le juste, dans le vrai, dans le réel et aller à la rencontre de Fatma dans le village d’Amzrai de Zaouiat Ahansa, dans la région d’Azilal. Cette chanson est résolument fédératrice, elle a attiré autour d’elle du cœur, de la générosité, de la bienveillance et puis son message qui la rend particulière. Un message qui est en fait notre témoignage, à Sanaa Kadmiri et moi-même, notre appel en toute humilité, pour que Fatma, ne soit pas oubliée, pour qu’elle soit accompagnée au nom de toute l’enfance Marocaine, au nom de nos petits-enfants des montagnes, pour qu’ils baignent dans la lumière et la liberté que seule l’éducation peut leur donner. Évidemment, je citerai l’association Elbaraka Angels qui et sa Directrice Saloua Zine pour son travail remarquable avec son équipe sur le terrain.

  • © Kamal Harakat

    Sanaa, vous plongez dans la chanson enfin, c’est bien parti alors ?

Inshallah Kheir. Dieu a voulu après plusieurs années et après beaucoup de demandes de mon entourage, me voir chanter. J’accepte de le faire enfin ! Il faut dire que le texte, la mélodie et le sujet m’ont interpelée. J’espère de tout cœur pouvoir contribuer sur plusieurs chansons, à faire évoluer les choses dans mon pays.

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