« La nuit est longue, le jour trop court », voilà comment commence « Rahat Lbal », la nouvelle chanson de Jihane Bougrine, composée et écrite par elle-même, qui parle, en ce mois de mai de la santé mentale, de bipolarité et de troubles mentaux. Le thème, le clip et l’interprétation sont un exemple parfait qui montre que l’art peut être beau et engagé et qui mieux que la belle marocaine auteure compositrice et interprète, première artiste marocaine à signer avec Universal Music Mena, pour livrer un son qui va porter sa voie(x) bien haut dans un bel appel à la prévention et aux dons à une association qui vient en aide aux familles des malades.
- Pourquoi ce registre de la santé mentale ?
C’est un sujet qui me tenait à cœur depuis longtemps. Un membre de ma famille est atteint d’une maladie psychiatrique qu’on a diagnostiqué il y a 18 ans. Entre difficulté à trouver un médecin capable de donner une réponse, le refus de prendre les médicaments ou encore l’incompréhension liée à la maladie, nous avons passés des années difficiles. Mais rien comparé au malade et aux conséquences que le trouble a sur la vie des gens. La psychiatrie est encore tabou. Alors que les troubles peuvent être traités avec quelques médicaments et un suivi. Je voulais lever le voile sur ce mal aussi incompris que tabou encore.
- L’art doit toujours être engagé pour une cause ou une autre ?
Toujours, non. Chaque artiste est libre de s’exprimer comme il l’entend. Mais c’est vrai que mes textes sont souvent engagement. J’écris comme je respire, comme je suis. L’art doit être à l’image de celui qui crée à mon sens. L’art doit être le reflet de l’âme.
- Quel est le meilleur thème que vous aimez aborder dans vos chansons?
Il n’y a pas un thème en particulier. Je ne pense jamais au thème. Le sujet me vient en composant et en écrivant, je ne sais pas vers où je vais. Ou rarement. J’écris pour extérioriser quelque chose, pour exorciser même. Le thème s’impose de lui-même. Il y a forcément l’amour parce que la vie est amour. Mais il y a surtout la famille, la société, ce qui me touche, ce qui me fait rire ou pleurer. Ce que j’entend, ce que je ressens.
- « Rahat Lbal » c’est la Darija et c’est résolument le meilleur langage artistique pour faire passer tous les messages?
Je pense, oui. Mais encore une fois, rien n’est calculé. J’écrivais en français pendant des années. En rentrant au Maroc, il y a 10 ans, j’écris mon premier texte en Darija. Je ne m’en sentais pas capable. Aujourd’hui, j’ai du mal à écrire dans une autre langue. Et oui, c’est plaisant que mes textes soient entendus et compris par le plus grand nombre.
- Alors pour vous « Rahat Lbal » après autant de boulot c’est ou et quand?
Dans la tête et dans le cœur ! La tranquillité de l’esprit est un bien précieux. Je pense que ça vient souvent quand on a la chance de faire ce qu’on aime, quand on se lève le matin heureux d’aller travailler, fier d’aller changer les choses. Cette sensation d’être à la bonne place. D’être la meilleure version de soi. C’est pour moi la tranquillité de l’esprit, être aligné avec soi-même. Vivre de sa passion et aimer chaque seconde de sa journée. Hélas, « Rahat El Bal » dont je parle dans cette chanson, ne s’achète pas. Parce que l’esprit est brouillé par la maladie. C’est injuste mais encore une fois l’espoir est là, puisque un médicament peut tout régler. Être entouré par les bonnes personnes peut sauver des vies.
Le clip est signé du réalisateur Julien Fouré, qui signe sa troisième collaboration avec la chanteuse après « Madabya » et « Serek F’Bir, porté par l’actrice de talent, Mouna R’Miki, qui qui donne du corps et de l’âme au rôle, qui a du mal avec son image, le processus d’écriture, de création et à percevoir la magie de la scène. La belle lumière du clip est l’œuvre du Directeur de la photographie Mathieu de Montgrand. Un clip produit par Youssef Barrada des FreeMonkeyz et Sébastien Deflandre de l’Océan Vagabond. Chanson composée et écrite par Jihane Bougrine, Luth : Zakaria Masrour, Arrangement, mix et mastering : NYZK by Ayoub Toute, Montage image Soukaina El Jid VFX Imane Aghoutane Anas Samouh Étalonnage Guillaume Paoletti