Sculpteuses de diamant : les soeurs Temsamani, du Détroit de Tanger au Bosphore d’Istanbul

C’est à Tanger, ville lumineuse posée entre ciel et mer, que les soeurs Badiaa et Leila Temsamani,  issues  de l’une des familles les  plus emblématiques  de la ville du Détroit, ont grandi, portées par une enfance douce et bercée d’amour.  Dans une maison où la famille était la plus belle des richesses, les saisons passaient au rythme des traditions et des rires partagés.  Ce lien familial, profond et indéfectible, a forgé leur regard sur le monde, leur façon d’aimer la beauté, de respecter le temps et de créer avec le cœur. Tanger, ce grand joyau de la Méditerranée, leur a transmis ce goût du vrai, du subtil et du raffiné.

De cette terre de lumière, elles ont gardé la mémoire vivante des gestes, des textures, des parfums. Leurs chemins se sont d’abord dessinés de manière différente : Badia dans l’univers du marketing et de l’événementiel, Leila dans celui, plus intime, de la joaillerie. Mais toujours, un fil les reliait ;  celui d’une histoire partagée, de valeurs communes, d’un rêve à faire grandir ensemble.

Aujourd’hui, leur maison de joaillerie incarne cette complicité : une harmonie entre l’artisanat et l’audace, entre la mémoire et le présent. Chaque bijou est un fragment d’émotion, un hommage discret à l’élégance. Ensemble, elles insufflent dans le monde du luxe une vision sensible, sincère et lumineuse, à l’image de leurs racines tangéroises. L’une, tisseuse de liens, l’autre, créatrice de rêves. Ensemble, elles forment une équipe complémentaire qui œuvre pour faire rayonner un savoir-faire ancestral.Ce sont ces deux femmes, deux sœurs, qui se cachent derrière la maison de joaillerie qui a su capter l’essence même du luxe et de l’élégance à la marocaine : Bél.

Leur interview nous invite à découvrir un univers où la magie des pierres s’entrelace avec les émotions profondes. Chaque bijou né devient le témoin d’une histoire d’amour, de famille et de créativité, une célébration de l’intemporalité et de l’art du lien.

Une sororité d’exception,  une complémentarité à la fois précieuse et rayonnante

  • Pour commencer, pouvez-vous nous parler de vous, de votre vie personnelle, de vos racines et de ce qui a façonné les femmes que vous êtes aujourd’hui ?


Leila :
Je suis une femme marocaine, aujourd’hui installée en Turquie, mais mon histoire s’est construite entre plusieurs pays, plusieurs langues, plusieurs identités. J’ai fait mes études en Espagne, et ce mélange d’horizons m’a enrichie profondément. Mais malgré tous ces allers-retours, une chose est restée constante : mes racines marocaines. Elles me définissent. Et puis, aujourd’hui, il y a ma fille, Lilya. Elle est mon ancrage, ma source de lumière. C’est aussi pour elle que je reste fidèle à mes valeurs, que je transmets ce que j’ai reçu.

Badiaa : Je me suis mariée jeune, à 17 ans, avec l’homme de ma vie. Ensemble, nous avons fondé une belle famille, et j’ai eu la chance de donner naissance à deux enfants dont je suis immensément fière. Pendant de nombreuses années, j’ai choisi de me consacrer pleinement à mon rôle d’épouse et de mère, en mettant toute mon énergie et mon cœur dans leur éducation, leur bien-être et les petits bonheurs du quotidien. Aujourd’hui, ils ont grandi, ils tracent leur propre chemin, et je ressens en moi l’élan, la liberté et l’envie de me tourner vers de nouveaux projets. Des projets qui me ressemblent, qui me nourrissent, et qui passionnent.

  • Justement, qu’est-ce que vous considérez comme les plus grandes richesses dans la vie  ?

La famille, sans hésiter. Et la santé. Ce sont des piliers. Quand on les a, on a déjà tout. Ce sont les seuls luxes réels dans une vie. Le reste est secondaire.

  • Leila, vous vivez aujourd’hui en Turquie, mais vous restez profondément attachée au Maroc. Malgré la distance, avez-vous l’occasion d’y revenir souvent ?

Oui, très souvent. J’adore Tanger. J’y passe au moins quatre mois par an. Même quand je suis loin, chaque image du Maroc me bouleverse. Une simple vidéo, un son, et tout revient : les souvenirs, les sensations, les émotions… C’est un lien profond, viscéral. Je ne peux pas imaginer une année sans y revenir. C’est là que je respire vraiment.

  • Vous avez une relation très forte avec vos parents…

Oui, on est très proches. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je reviens si souvent. On a  besoin d’eux. On a une relation fusionnelle, très complice. Mes parents nous ont tout donné : une éducation solide, des valeurs, une affection constante. On leur doit ce que nous sommes.  Ce sont eux qui nous ont montré la voie, toujours avec douceur, toujours en expliquant. C’est ce modèle qu’on essaye de reproduire aujourd’hui avec nos enfants.

  • Y a-t-il un souvenir précieux lié à votre père que vous portez en vous ?

Oui, un bijou. Une bague que mon père porte depuis ma naissance. Une pierre verte, qu’il n’a jamais quittée. Elle a traversé toute notre enfance à ses côtés. Elle symbolise beaucoup pour moi. Je l’aime toujours autant aujourd’hui. C’est le premier bijou qui m’a marquée. Il représente une présence, une constance rassurante, une force.

  • Parlez-nous un peu plus de lui. Il semble vous avoir beaucoup influencée.

Mon père est tangérois, tout comme mon grand-père – Allah irahmou – et toute la famille de ma mère. Ils habitaient l’ancienne médina de Tanger. À l’époque, mon père était un haut fonctionnaire à la poste de Tanger, un lieu central qui faisait office de banque, de téléphonie, de courrier… tout passait par là, surtout pendant la colonisation espagnole et française. Mon père a ensuite lancé sa propre usine de matériaux de construction. Aujourd’hui, il a 85 ans. Il est d’une culture impressionnante. Il adore parler de politique, il lit beaucoup, notamment sur Hassan II, sur la royauté… Il est passionnant. On passe des heures à discuter. Et puis il est toujours élégant. Tiré à quatre épingles, même à son âge. Très expressif dans son amour, très présent. C’est un père exceptionnel. On est très liés, comme des amis. On rit, on danse, on parle de tout ensemble.

  • Et votre mère ? Leur histoire est aussi belle que romanesque…

Ils vivaient dans la même ruelle, et leurs mères se connaissaient. Mais il y avait dix ans d’écart entre eux. Quand mon père travaillait, ma mère avait à peine dix ans. Leur vie a pris des chemins différents. Puis, après le décès de mon grand-père maternel, ma grand-mère a voulu que ma mère travaille. Elle n’avait que 17 ans. À l’époque, on ne présentait pas de CV, on montrait des photos. Elle s’est donc rendue chez mon père pour qu’il l’aide à trouver un emploi à la PTT. Mon père n’avait pas revu ma mère depuis longtemps. Ce week-end-là, il partait à Barcelone, lui, passionné du Barça. Il avait glissé les photos dans sa poche avant d’embarquer. Sur le bateau, elles se sont envolées et sont tombées. Ses amis, témoins de la scène, y ont vu un signe du destin : ils ont lancé des you-you joyeux, convaincus qu’elle serait sa future épouse. Touché, il a rappelé ma grand-mère. Ce fut un véritable coup de foudre. Près de 60 ans plus tard, ils sont toujours unis. Une vie tissée d’amour, de respect et de fidélité. Une famille solide, hamdoullah.

  • Vous dites souvent que le père est le premier amour d’une fille…

Je le crois profondément. Un père qui donne de son temps, de son amour, de son énergie… marque sa fille pour toujours. Il crée une image de ce qu’est l’amour vrai. Une fille cherchera inconsciemment à retrouver ces qualités chez un homme. Ce sont des relations qui façonnent notre vision du monde et de nous-mêmes.

  • On vous décrit comme des sœurs inséparables, presque comme deux facettes d’une même pierre. Cette complicité, est-elle le socle de votre aventure commune ?

Badiaa : Notre relation va bien au-delà du simple lien du sang. J’adore votre métaphore et c’est vrai que nous sommes comme deux facettes d’une même pierre de diamant, chacune apportant son propre éclat à notre collaboration. Cette connexion s’est construite au fil des années, à travers des expériences partagées et un soutien inconditionnel. Nous avons toujours su que nous bâtirions quelque chose de précieux ensemble, car notre complémentarité et notre compréhension mutuelle nous permettent de surmonter les défis et d’atteindre nos objectifs communs. Chaque étape que nous prenons ensemble renforce notre lien et notre engagement envers notre projet.

Leila : Ma sœur Badiaa est une partie essentielle de ma vie. Elle dit souvent qu’elle ne peut pas vivre sans moi, et je ressens la même chose. Nous partageons non seulement des souvenirs, mais aussi des rêves et des aspirations. Nous avons construit une complicité qui nous permet de nous soutenir mutuellement dans les moments difficiles et de célébrer ensemble nos réussites. Cette connexion unique fait de nous non seulement des sœurs, mais aussi des partenaires de vie, et je suis profondément reconnaissante de l’avoir à mes côtés.

L’art de la joaillerie : de la politique à la beauté des pierres

  • Leila, avec un parcours aussi éclectique, de la géopolitique à la mode, comment avez-vous trouvé votre chemin vers la joallerie ?

Leila :J’aime la politique pour son pouvoir de transformer les sociétés et d’influencer les vies, et la mode pour sa capacité à exprimer notre identité et notre créativité. Mais je dirais que ma passion pour les pierres vient d’une curiosité profonde pour la beauté naturelle et la façon dont chaque gemme raconte une histoire unique. Chaque pierre a son propre caractère, sa propre histoire, et j’aime l’idée de créer des bijoux qui capturent cette essence. Ce lien entre la Terre et l’éclat me rappelle que nous sommes tous connectés à quelque chose de plus grand, et c’est cette magie qui m’inspire chaque jour dans mon travail.

  • Badiaa, quant à vous, comment avez-vous trouvé votre place dans cette aventure et comment vos talents complètent-ils ceux de Leila ?

Badiaa : Je suis naturellement sociable et j’ai toujours eu une passion pour établir des connexions authentiques avec de nouvelles personnes. Ce projet m’a offert l’opportunité d’accueillir de nombreuses clientes, qui sont rapidement devenues des amies précieuses. J’ai ce don particulier de percevoir les désirs et les goûts de chacun, ce qui me permet de créer des expériences sur mesure qui résonnent profondément avec eux. Mon rôle est un écrin pour ce rêve, car il englobe non seulement le côté business, mais aussi l’essence même de notre projet. En collaborant avec Leila, qui, avec sa timidité et sa sensibilité artistique, crée des pièces uniques, nous formons un duo complémentaire. Alors qu’elle s’immerge dans son monde créatif, je m’assure que chaque cliente se sente valorisée et écoutée. Ensemble, nous bâtissons une communauté où l’art et les relations humaines se rejoignent, créant ainsi un espace où chacun peut s’épanouir.

  • Leila, vous avez rencontré votre mari en Turquie, un lieu qui semble avoir une importance capitale dans votre histoire. Quel rôle joue-t-il dans votre parcours ?

Leila : Mon mari a grandi dans un environnement imprégné de l’univers des bijoux, car son père était l’un des plus anciens bijoutiers d’Istanbul, vendant de l’or et des gemmes au Grand Bazar, le plus ancien et le plus grand marché couvert du monde. Cet héritage familial lui a permis de développer des contacts précieux dans le domaine des pierres et des bijoux. Son expérience et son réseau m’ont énormément aidée dans ma propre carrière, car il comprend profondément ce monde et partage avec moi cette passion.

  • Les femmes de Turquie et du Maroc ont une place importante dans votre parcours. Qu’avez-vous appris de ces cultures et comment voyez-vous leurs connexions ?

Leila : En vivant en Turquie et au Maroc, j’ai découvert deux cultures très riches et vibrantes, chacune avec ses propres traditions et histoires. Les deux pays partagent une passion pour l’artisanat, que ce soit à travers la bijouterie, la poterie ou le textile. En ce qui concerne les femmes turques et marocaines, je vois de nombreux ponts entre elles. Elles partagent une élégance naturelle et un sens du style qui reflètent leur héritage culturel. De plus, leurs rêves et aspirations sont souvent similaires, visant à allier tradition et modernité tout en cherchant à s’affirmer dans des sociétés en évolution.

  • Si vous deviez vous incarner dans une pierre, quelle serait-elle et pourquoi ?

Leila : La pierre, c’est en effet une belle métaphore pour l’amour et les émotions. Si je devais choisir une gemme, je serais sans doute un diamant bleu, symbole de sagesse et de vérité. Le bleu profond du diamant évoque la profondeur des sentiments et la sérénité, tout en étant une pierre qui inspire la loyauté et la protection.

Badiaa : Si j’étais une pierre, je serais une émeraude, car son vert éclatant représente parfaitement mon caractère de femme forte et dominante. L’émeraude symbolise la résilience et la détermination, des qualités qui m’habitent profondément. Comme cette pierre précieuse, je me sens unique et précieuse, et je possède une force intérieure qui me permet de surmonter les défis tout en restant connectée à mes racines et à ma culture.

  • Le marché des pierres précieuses évolue avec l’essor des diamants de synthèse et des pierres cultivées en laboratoire. Comment voyez-vous cette évolution ?

Leila : La transformation du marché avec l’émergence des diamants de synthèse et des pierres cultivées en laboratoire est fascinante. Ces innovations offrent des alternatives éthiques et souvent plus abordables, mais elles soulèvent aussi des questions profondes sur la valeur et l’authenticité. Limiter l’âme d’une pierre est un concept complexe. Les pierres naturelles portent avec elles une histoire unique, façonnée par des millions d’années de formation géologique. Ce sont des symboles d’authenticité et de rareté. En revanche, les pierres synthétiques, bien que chimiquement identiques, manquent de cette histoire et de cette connexion à la terre.

Badiaa : Il est vrai que de nombreuses marques se tournent désormais vers les diamants de laboratoire en raison de leur coût inférieur et de leur disponibilité. Cependant, je conseille toujours à mes clientes d’opter pour des diamants naturels, car ils représentent un véritable investissement. Les diamants lab-grown n’ont pas la même valeur sur le marché au moment de la revente, ce qui peut être un inconvénient pour ceux qui cherchent à faire un investissement solide. Dans notre collection, nous nous concentrons uniquement sur les pierres naturelles, car je crois fermement qu’elles offrent une valeur durable et une beauté authentique qui ne peuvent être égalées.

Héritage, royauté & rêve d’excellence

  • La haute joaillerie, ce n’est pas seulement du luxe, c’est aussi une transmission, une mémoire, un ancrage royal. Quel regard portez-vous sur l’héritage joaillier marocain, et comment le faire rayonner à l’international ?

La haute joaillerie ne se limite pas à l’aspect esthétique ou au luxe, elle incarne également une profonde histoire et une tradition qui se transmettent de génération en génération. Chaque pièce peut être un symbole de mémoire, représentant des moments importants ou des héritages familiaux. Cet ancrage royal ajoute une dimension supplémentaire, car il évoque le raffinement et l’élégance qui ont traversé les âges. On pense que l’héritage joaillier marocain est d’une richesse incroyable, alliant traditions ancestrales et savoir-faire artisanal unique. Chaque pièce raconte une histoire, qu’elle soit liée à la culture, ou aux symboles marocains. Pour faire rayonner cet héritage à l’international, il est essentiel pour nous de mettre en avant non seulement la beauté des créations, mais aussi leur signification profonde..

  • Parlez-nous de votre nouvelle collection Bel Beldi…

Je suis ravie de partager des détails sur ce projet audacieux (notre nouvelle collection Bél Beldi). La Mdama inspirée du zellige marocain est une fusion de tradition et de modernité. Le zellige, avec ses motifs géométriques et ses couleurs vibrantes, est un symbole de l’artisanat marocain, représentant la richesse culturelle et l’héritage architectural du pays. La symbolique derrière cette création réside dans l’idée de célébrer l’identité marocaine tout en offrant une pièce contemporaine et fonctionnelle. Chaque motif de la ceinture évoque des histoires et des émotions, rappelant la beauté des mosaïques qui ornent nos palais et nos places publiques. En intégrant ces éléments, je vise à créer un lien entre le passé et le présent, tout en rendant hommage à l’artisanat traditionnel. Cette ceinture ne sera pas seulement un accessoire en or et diamant, mais un véritable témoignage de notre patrimoine culturel.

  • En plus de vos créations de bijoux, vous proposez également des pièces en fourrure d’exception. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet univers que vous explorez avec autant de raffinement ?

Toutes nos peaux proviennent des plus grandes fermes à travers le monde, certifiées Fur Mark (le plus grand certificat dans ce domaine qui garantit le respect du bien-être animal et des normes environnementales). Tout ce que nous faisons dans nos ateliers en Turquie, c’est la confection, et la Turquie est considérée comme le meilleur pays pour la manufacture de la fourrure C’est un art hérité de la période ottomane

  • Votre collection a habillé des personnalités à l’international…

Nous sommes honorés d’avoir habillé des stars internationales sur tous les continents, et particulièrement fiers de nos créations portées par les stars de « Dubai Bling ». C’est un réel plaisir de collaborer aussi avec des icônes de style Marocaines telles que Bassma Boussil et Maryam Hussin, et bien d’autres encore, pour sublimer leur élégance..

Mode & métissage :  le bijou, partout, tout le temps

  • Lady Diana, connue pour son élégance légendaire et son amour des bijoux iconiques, a marqué toute une époque. Dans un univers où chaque pierre raconte une histoire, chaque création peut incarner une émotion… Y a-t-il une femme, une icône, une silhouette qui vous inspire tout particulièrement dans votre manière de rêver, de créer ?

Absolument. Lady Diana incarne à mes yeux cette élégance intemporelle, ce mélange rare de force et de vulnérabilité. Elle avait une façon très personnelle de porter ses bijoux, avec une noblesse qui n’effaçait jamais sa sensibilité. Sa célèbre bague en saphir, entourée de diamants, en est l’exemple parfait : un bijou à la fois classique et audacieux, qui reflétait toute la complexité de sa personnalité. Si j’avais eu la chance de créer une pièce pour elle, j’aurais imaginé un collier orné d’un diamant rose en forme de cœur. Une pierre douce, romantique, mais puissante. Ce cœur symboliserait son immense capacité à aimer, à émouvoir, à engager. Un bijou comme un hommage à sa lumière intérieure, à sa manière de faire rayonner les autres, avec grâce et profondeur.

  • Peut-on porter une parure de diamants avec une paire de baskets ? Le vrai chic ne serait-il pas celui qui ose, qui mêle les mondes ?

Absolument, porter une parure de diamants avec une paire de baskets peut être une déclaration de style audacieuse et moderne. Le vrai chic réside souvent dans l’audace de mélanger les genres et de briser les conventions. L’association de bijoux luxueux avec des vêtements décontractés, comme des baskets, crée un contraste fascinant et montre une confiance en soi. Cela reflète une attitude contemporaine qui célèbre l’individualité et l’expression personnelle. Oser ce mélange, c’est affirmer que le style ne doit pas être limité par des règles strictes, mais qu’il peut évoluer et s’adapter à la personnalité de chacun.

  • Si vous deviez imaginer une collection capsule inspirée de votre jeunesse à Tanger, que verrait-on ? Une étoffe, une coupe, une pierre ?

Si je devais imaginer une collection capsule inspirée de ma jeunesse à Tanger, je verrais des étoffes en soie légère, ornées de motifs géométriques qui évoquent les mosaïques des vieux riads. La coupe serait ample et fluide, permettant une liberté de mouvement, symbolisant les longues promenades le long de la mer. Pour les pierres, j’imaginerais des bijoux en or sertis de lapis-lazuli, une pierre qui rappelle les profondeurs de l’océan et les couleurs vibrantes des paysages du Nord. Cette collection serait un hommage à la richesse culturelle de Tanger, mêlant tradition et modernité avec une touche d’élégance intemporelle.

La pierre, et la femme qui la comprend

  • Pendant longtemps, la gemmologie a été un monde d’hommes. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes marocaines s’y intéressent. Pourquoi, selon vous ? La pierre aurait-elle une sensibilité qui parle davantage à la femme ?

Il est vrai que la gemmologie a longtemps été dominée par les hommes, mais aujourd’hui, l’intérêt croissant des femmes marocaines pour ce domaine peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord, il y a une volonté d’affirmer notre place dans des secteurs traditionnellement masculins, en apportant une nouvelle perspective. De plus, les pierres précieuses et semi-précieuses sont souvent perçues comme des symboles de beauté, de force et de connexion émotionnelle, ce qui peut résonner particulièrement avec nous les femmes.

  • D’où viennent vos pierres ? Et l’Afrique, qu’on dit riche de merveilles, est-elle vraiment le continent aux mille gemmes ? Le commerce éthique, c’est aussi une part de votre engagement ?

Les pierres que nous utilisons proviennent de sources soigneusement sélectionnées, et nous nous engageons à travailler avec des fournisseurs respectant des pratiques éthiques et durables. L’Afrique, riche de ses ressources naturelles, est en effet un continent qui regorge de gemmes exceptionnelles. Le commerce éthique fait partie intégrante de notre engagement, car nous croyons que chaque pierre doit être exploitée de manière responsable, dans le respect des communautés locales et de l’environnement.

  • Rêvez-vous qu’un jour, la princesse Lalla Khadija porte l’une de vos créations ? Et en écho à l’histoire : on dit que feu Sa Majesté Hassan II avait une relation très personnelle avec certaines pierres…

Le rêve de voir une princesse comme Lalla Khadija, ou toute autre figure royale, porter l’une de nos créations, serait un honneur immense. Ce serait un témoignage de la reconnaissance de notre savoir-faire et de l’unicité de nos pièces, un hommage à notre patrimoine et à l’artisanat marocain. C’est un rêve que nous portons, car cela symboliserait non seulement la beauté de nos créations, mais aussi la place qu’elles peuvent occuper dans l’histoire et la culture de notre pays. Quant à feu Sa Majesté Hassan II et sa relation avec les pierres, c’est une histoire fascinante. On raconte qu’il avait une affection particulière pour certaines pierres précieuses, voyant en elles non seulement leur beauté, mais aussi une sorte de force et de symbolisme. Ce lien profond qu’il entretenait avec les gemmes était, en quelque sorte, une alchimie entre l’histoire du Maroc et l’énergie intemporelle de la terre. Les pierres, pour lui, n’étaient pas simplement des objets de luxe, mais des talismans, des symboles d’un pouvoir ancien et mystérieux. Cela me fait penser à la manière dont certaines pierres possèdent une énergie unique et une connexion mystique avec ceux qui les portent, une idée que nous chérissons dans notre processus créatif, cherchant toujours à infuser une âme particulière à chaque pièce.

  • Enfin, si vous pouviez voir un bijou traverser les âges et devenir un symbole intemporel, quelle serait sa signification pour vous ?

Nous croyons que chaque bijou porte en lui une histoire, un fragment d’émotion qui le rend unique. Si l’un de nos bijoux venait à traverser le temps et devenir un symbole intemporel, ce serait celui qui incarne l’amour, la famille et l’héritage. Un bijou qui, en étant porté de génération en génération, transmettrait cette énergie positive, cette force de l’intention créative et de l’amour. Il ne s’agirait pas seulement d’un objet précieux, mais d’un lien entre les âmes, qui traverse les âges et les époques avec une beauté qui ne se fane jamais.

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