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Gloden Globes

À deux mois des Oscars, les Golden Globes ont déroulé le temps d’une soirée enivrante et sans champagne, un tapis rouge virtuel en distanciel majoritairement, dans un espace temps qui a presque confondu les fuseaux horaires et joint les deux rives américaines. L’Est et l’Ouest se relient comme par magie par deux femmes, une à New York et une à Beverly Hills. Tina Fey et Amy Poehler qui récidivent pour la présentation et l’animation de la messe américaine qui annonce les prix cinéma dans les USA et dans le monde.

L’ère Biden plane sur l’Amérique après seulement un mois de son investiture. Hollywood semble avoir récupéré son aura de terre de cinéma d’esprit, engagée et mobilisée pour les grandes causes de la planète avec une première messe de cinéma américain, triomphale de symboles et de messages. Les femmes étaient à l’honneur royalement, la diversité ethnique largement en marche avec une très bonne représentation des noirs et une réalisatrice d’origine asiatique primée, les hommages ont mis en évidence des célébrités dont la carrière est une histoire d’engagements et de combats.   

APRÈS #METOO LES GOLDEN GLOBES FONT LEUR #ATHOME

Après les robes noirs des Golden Globes de 2017, où toutes les stars avaient arboré look en soutien à la campagne #metoo, place aux pyjamas de 2021 ou presque. En tous les cas, le monde n’aura jamais autant vu de stars du petit et du grand écran, lovés chez eux en famille, rivés sur leurs écrans. L’émotion fut forcément plus grandes pour eux de se voir primés et récompensés pour certains d’entre eux, au milieu de leur petite famille. Comme pour le japonais avec sa fille, Marc Ruffalo recevant son Globe de meilleur acteur dans une mini série « I Know this Much is True » et livrant, ému, un discours très fort qui vaut bien des discours pour l’égalité hommes/femmes ou le harcèlement sexuel et violences contre les femmes : « Plus on découvre l’autre plus on guérit » l’acteur faisant référence à son rôle si complexe incarnant des jumeaux. «Nous avons une mère mourante, tout comme la mère dans notre histoire. Elle est la Terre Mère. Et nous devons trouver l’équilibre avec elle et l’honorer. Et elle guérira aussi », poursuit l’acteur-producteur « tournons la page sur le passé cruel de cette nation. La bonne nouvelle est que l’inclusion, la justice et le souci de la Terre Mère éclatent partout. La lumière divine de la décence perce la hideuse tempête sombre que nous avons traversée. Nous sommes ceux que nous attendions, alors agissons ». #athome le monde pouvait vibrer d’émotion avec autant de lumière sur les acteurs noirs, outre Chadwick Boseman, le britannique Daniel Kaluuya pour son second rôle dans « Judas and the Black Messiah », Andra Day pour « Billie Holiday » et John Boyega pour « Small Axe ».

La scène virtuelle et sans public du Beverly Hotel à Beverly Hills en Californie

UNE SCÈNE DE COVID

D’un côté, la salle Rainbow à New York avec Tina et très peu d’invités et de l’autre, celle du Beverly Hotel à Beverly Hills avec Amy. Sobrement apprêtées malgré quelques changements de tenues en quatre heures de cérémonies, la brune aussi bien que la blonde étaient tristement drôles pour des humoristes habituées au public, à la scène, à l’interaction immédiate. Et pourtant rien ne manquait, lumières, décors et tribune somptueuse du côté californien, mais à voir les quelques tables disposées gentiment autour de la scène, quoique recouvertes de nappes dorées, donnent à méditer la mélancolie qui gagne le monde à cause de l’arrêt de la culture, la fermeture des théâtres et des cinémas.

DES FEMMES POUR LE TALENT

Si les deux charmantes humoristes américaines, Tina Fey et Amy Poehler, ont embarqué les américains et toute la planète dans un voyage astral merveilleux de remise de prix cinéma, trois réalisatrices concourraient pour ces Globes si spécial de l’ère covid, contre seulement deux hommes. David Fincher et Aaron Sorkin face à Emerald Fennel, Regina King et Chloe Zhao. Et c’est cette dernière qui a raflé la mise avec son film « Nomadland ». Anya Taylor-Joy à seulement 24 ans, Meilleure actrice dans une minisérie « Le Jeu de la Dame », incarne Beth Harmon, une femme forte, joueuse d’échecs qui évolue dans un monde très masculin. L’argentino-américano-britannique a reçu à distance, dans sa robe sculpturale signée Dior et sa manucure hymne aux jeux d’échecs, sa toute première statuette. 

DES ROBES MAISON

Que ce soit pour les nommés et surtout pour les remettants, les robes était au rendez-vous sans tapis rouge, ni défilé. Commençons par celles qui n’étaient pas présentes en chair et en os et par les pastels joyeux de la robe d’Elle Fanning, en soie fluide et vert d’eau, aussi fragile que sa maitresse, qu’elle arbore telle une caresse, signée Gucci. On ne peut dire autant pour la robe Louis Vuitton de Kate Hudson tout simplement taillée pour un cocktail, en apparence mais qui aurait nécessité 190 heures de travail, 4000 sequins tout autant de perles et 2000 cristaux. Passons au feu de la passion avec nulle autre que la piquante Salma Hayek. La mexicaine, en remettante, était présente sur scène dans un fourreau renversant rouge flamboyant, cheveux délicatement noués en demi-queue de cheval. Le jaune aussi a fait sensation sur le dos de Jamie Lee Curtis. L’actrice de 62 ans arborait une longue robe de soirée jaune poussin, en satin signée Alex Perry, manches ballon, et décolleté pigeonnant. Une toilette vitaminée qui a inspiré les internautes à faire référence à une ancienne pub de l’actrice américaine pour Activia, et à se donner à coeur joie à simuler des parodies plutôt sympathiques. La robe de la star de la soirée était tout aussi distinguée que la série et son héroïne. L’actrice Emma Corin, loin de la scène, s’est affichée dans une robe Miu Miu et des bijoux Cartier pour dire « Thanks you ». La délicieuse Rosamund Pike a raflé le Globe de Meilleure actrice dans une comédie pour « Care A Lot ». Sa robe de podium même virtuel est à son image drôle et brillante, rouge éclatant tout en tulle et jupon imposant avec ses rangers aux pieds. On aura tout de même vu des pyjamas, oui c’est bien le look de cette année covid. La grande Jodie Foster, sacrée primée des Golden Globes 2021 pour son second rôle féminin dans Désigné Coupable, a reçu l’annonce de son prix, plongée dans son canapé, dans un pyjama tout confort et dans les bras de sa femme Alexandra Hedison.

 

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Anya Taylor-Joy et sa robe de bal vert émeraude

 

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Emma Corin en Miu Miu et bijoux Cartier

Jamie-Lee Curtis et sa robe jaune citron

Salma Hayek et son fourreau sexy de la maison Alexander McQueen

LES PRIX ET LES LARMES N’ÉTAIENT PAS VIRTUELS

Le sacre de cette soirée reste incontestablement celui de la série « The Crown » qui a reçu les Globes de la meilleure actrice, Emma Corin jouant Lady Di, du meilleur acteur, Josh O’Connor incarnant le prince Charles et de la Meilleur actrice dans un second rôle, Gilian Anderson dans son rôle de Margaret Tatcher. « The Crown » dans sa 4è saison, donc et « Le Jeu de Dames » triomphent pour le sacre de la plateforme de streaming Netflix, qui remporte 10 prix sur 34 nominations, pendant que « Mank » de David Fincher repart bredouille et « Les Sept de Chicago » se contente d’un Globe du meilleur scénario.  La mini-série « Le Jeu de Dames » se voit consacrée des Globes de Meilleure mini-série et de Meilleur actrice, Anya Taylor-Joy. Bouleversant fut le moment de l’annonce du Meilleur acteur dans un film dramatique, décerné au défunt Chadwick Boseman pour son rôle dans « Le Blues de Ma Rainey ». La star de Black Panther avait succombé à un cancer après le tournage de la série. Tout aussi émouvant mais dans le registre de ‘humour, la série « Borat » a reçu deux Globes de Meilleur comédie et de Meilleur acteur pour le comédien britannique Sacha Baron Cohen.

DES DISCOURS INSPIRANTS

Côté hommage, les Golden Globes rendent un bel hommage à l’une des figures féminines d’Hollywood les plus engagées pour ses combats du siècle dernier que la légende du cinéma américain continue de porter du haut de ses 83 ans et à ce jour sur la scène sans public de la première messe du cinéma américain. À travers ses positions contre la guerre du Vietnam, pour les droits civiques, pour les Black Panthers, elle a toujours milité pour « la justice, l’équité et un monde propre et sain ». Dans son costume immaculé qui épouse sa silhouette parfaite et de son sourire infatigable, elle livre, en recevant sa statuette Cecil B. DeMille pour l’ensemble de sa carrière, un discours à verser des larmes tant ses mots et leur sens est juste et poignant. Sa carrière est marquée entre autre par son rôle de « Barbarella » et son Oscar dès 1972 pour son rôle de Call-girl dans « Klute ». Et son 1er film « Le Retour » qu’elle produit 6 années durant et qui lui vaudra un second Oscar en 1978. Jane Fonda restera aussi une icône du fitness avec ses VHS « Jane Fonda workout » sorties en 1982 et qui ont fait le tour du monde. Son engagement et sa fibre militante se poursuivent avec une fondation de prévention des grossesses d’adolescentes dans son pays qu’elle créera en 1994. En 2019 elle entame un autre combat celui du réchauffement climatique.

Son discours fleuve en recevant son Cecil B. DeMille est un hymne aux histoires de cinéma et aux fictions qui peuvent changer des vies et provoquer de l’empathie entre les humains même à distance.

La diva Jane Fonda avec son Golden Globe pour l’ensemble de sa carrière, le prix Cecil B. DeMille

« On est une communauté de couleurs, et par ces temps turbulents de crise comme celui-ci, raconter des histoires a toujours été essentiel, les histoires peuvent changer ce qu’on ressent et ce qu’on pense, elle peuvent nous aider à nous voir sous un nouveau jour, de faire preuve d’empathie, de reconnaitre que, malgré nos diversités, nous sommes d’abord humains, pas vrai? » Poursuit l’icône mondiale de l’engagement féminin, sous le regard ébahie de la maitresse de cérémonie, Tina Fey et de sa camarade Amy Poehler. « Vous savez, j’en ai vu de la diversité dans ma longue vie et j’ai parfois eu du mal à comprendre certaines des personnes que j’ai rencontrées, mais si mon coeur est ouvert et que je regarde au-delà des apparences, je ressens une connexion. C’est pourquoi dans tous les grands courants de pensée, Boudha, Mahomet, Jésus, Lao Tseu, ils nous ont tous parlé au travers d’histoires, poèmes ou métaphores, parce que l’art est non-linéaire, non-cérébral et communique à travers une autre fréquence, ils génèrent une nouvelle énergie qui nous secoue et transperce nos défenses pour que l’on puisse voir et entendre ce que l’on avait peut-être peur de voir et d’entendre, Cette année Nomadland m’a fait ressentir de l’amour pour les vagabonds parmi nous, Minari m’a ouvert les yeux sur l’expérience des immigrés quand ils arrivent sur une nouvelle terre, Judas and the Black Messiah, « Small Axe », … One Night in Miami ont renforcé mon empathie pour ce qu’être noir a signifié », poursuit Jane Fonda, telle une poétesse, sous le zoom du regard de grandes dames d’Hollywood comme Gleen Glose. « « Ramy » m’a montré ce que ça fait d’être musulman et Américain, I May Destroy You » m’a appris à considérer les violences sexuelles d’une toute autre façon, le documentaire « Engagé à fond : La lutte pour la démocratie » nous rappelle à quel point notre démocratie est fragile et nous incite à nous battre pour la préserver, « A Life on our Planet » nous montre à quel point notre petite planète bleue est fragile et nous incite à la sauver ainsi que nous-mêmes », continue-t-elle son hommage aux productions nommées. « Les histoires peuvent vraiment changer les gens, mais il y a une histoire sur nous qu’on avait peur de voir et entendre dans cette industrie, une histoire autour des voix qu’on respecte et met en avant celles qu’on décide de ne pas écouter, Des histoires à propos de ceux qui ont le droit de s’associer à la table et ceux qu’on laisse en dehors des décisions. … Quel film va être fait et qui va recevoir un prix …Faisons que toutes les histoires aient une chance… Après tout l’art a toujours été, non pas juste en phase avec l’histoire mais a montré le chemin! Alors montrons le chemin ».

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