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Nabil Ayouch

Le réalisateur et l’actrice se livrent avec une complicité inégalée et une alchimie hors du commun, une métamorphose artistique rappelant le duo mythique Bradley Cooper et Lady Gaga dans « A Star is Born ».

Dans une rencontre empreinte de confidences et d’émotion, Nabil Ayouch et Nisrin Erradi ont illuminé le Festival International du Film de Marrakech avec « Everybody Loves Touda ». Ce long-métrage, véritable hommage à l’art ancestral de l’Aïta, porte en lui une fabuleuse histoire entre le réalisateur et l’actrice, née d’une complicité artistique hors du commun, rappelant l’alchimie du duo Bradley Cooper et Lady Gaga dans A Star is Born.

À l’image de l’histoire de transformation racontée dans A Star is Born, où Bradley Cooper a révélé toute l’âme de Lady Gaga en tant qu’actrice, Nabil Ayouch a su, lui aussi, puiser dans les profondeurs de Nisrin Erradi pour sublimer son talent. La jeune actrice, déjà saluée pour ses rôles précédents, s’est métamorphosée sous la direction du réalisateur, devenant l’incarnation parfaite de Touda, une figure emblématique de l’art de l’Aïta.

Pour moi, Nisrin était déjà une actrice exceptionnelle,” confie Nabil Ayouch. “Mais je voulais aller plus loin, explorer l’intensité de son jeu et la douceur cachée de la femme qu’elle est. Cela nous a pris plus d’un an de travail ensemble.”

C’est Maryam Touzani, l’épouse de Nabil Ayouch, qui a perçu en premier l’intensité du jeu de Nisrin Erradi. “Maryam a été frappée par sa profondeur et sa sensibilité lorsqu’elle a dirigé Nisrin dans Adam,” raconte Nabil. Séduit par cette aura, il a décidé de bâtir « Everybody Loves Touda » autour d’elle. Mais ce rôle n’est pas arrivé sans travail. Pendant une année entière et six longs mois, Nabil Ayouch a accompagné Nisrin dans une exploration intime de son art, révélant à la fois sa puissance émotionnelle et sa douceur.

J’ai tout de suite su qu’elle avait quelque chose d’unique. Elle est extraordinaire, une actrice rare,” confie le réalisateur. “Touda, c’est elle, et personne d’autre. Ce personnage ne pouvait exister qu’à travers Nisrin.

Everybody Loves Touda : un hymne à l’art de l’Aïta

Avec ce film, Nabil Ayouch ne se contente pas de raconter une histoire. Il rend hommage à l’Aïta, ce patrimoine musical marocain qu’il souhaite voir réhabilité. Dans « Everybody Loves Touda », le réalisateur et son actrice nous transportent dans un univers où les rythmes ancestraux rencontrent la modernité du cinéma.

Nous avons rencontré Nabil Ayouch et Nisrin Erradi à la Mamounia, QG du Festival par excellence à chaque édition. Et c’était sans aucune hésitation, une interview presque à bâtons rompus sur la majestueuse et centenaire allée des oliviers, une après-midi ensoleillée de décembre, baignée de lumière et de douceur, sous le son feutré du gravier sous nos pas. Une scène presque cinématographique, à l’image de leur collaboration unique.

Touda n’est pas qu’un personnage : elle est une déclaration d’amour à l’art, à la culture, et à la passion qui unit un réalisateur à son actrice. Un duo qui a fait vibrer le FIFM et au-delà.

  • Nabil Ayouch. Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez croisé des Cheikhattes dans la vraie vie ?

Je me souviens très bien de ma première rencontre avec les Cheikhattes. C’était en 1999, au château de Versailles à Paris. On m’avait proposé de mettre en scène la cérémonie d’ouverture de l’événement « le temps du Maroc ». Dans la salle des Batailles du château, qui fait 110 m de long avec un public varié, marocains et français, j’ai éteint les lumières et j’ai mis une Cheikha à chaque bout de la salle, dans le noir et je leur ai dit « envoyez-moi votre « Aïta ». Ça a donné un frisson à toute l’assistance et ça été le début de mon histoire avec les Cheikhattes, qu’on a retrouvé dans certains rôles de mes films, « Les Chevaux de Dieu » et « Razzia », jusqu’au moment où ce vieux rêve de faire un film qui leur serait complètement consacré, se réalise en rencontrant Nisrin.

  • Nisrin. Vous connaissiez évidemment cette histoire !

Oui Nabil m’a raconté cette histoire au tout début de notre travail sur le film. Nous avons passé tellement de temps ensemble à échanger.

  • Nisrine Erradi. Quel rapport entretenez-vous avec l’univers des Cheikhates ? Vous chantez ?

Non, je n’ai jamais chanté et ça a été plutôt difficile pour moi de chanter pendant le tournage. Mais Nabil a fait appel à trois Cheikhattes des plus connues et des plus intéressantes selon moi, Khadija El Beidaouiya que Dieu ait son âme, elle était présente au tout début des préparations de l’aventure du film « Every body loves Touda ». D’ailleurs, j’ai joué avec sa « Taarija » pendant tout le film. Elle me l’avait offerte », « Siham El Messfiouiya » et « Houda Nachta », qui grâce à elles, j’ai pu incarner Touda dans le film et transmettre fidèlement son message.

  • Pourquoi Nisrine ? en quoi elle est l’interprète idéale ? et que dites-vous de la comparaison de votre travail pour ce rôle de Touda à celui de Bradley Cooper avec Lady Gaga dans « A Star is born » ?

J’ai vu en Nisrin une force, une puissance de jeu phénoménale et c’est ma femme, Maryam Touzani qui me l’avait dit auparavant, quand elle a achevé le tournage de son film « Adam ». Nisrin a un caractère en acier trempé, sans compromis et sans concessions. C’est l’actrice que j’attendais pour lancer ce film. À partir de là, il fallait juste un contrat moral entre Nisrin et moi, afin qu’elle accepte de me donner du temps, un an et demi de sa vie, sans rien faire d’autre, du temps pour se coacher, pour apprendre à chanter, à danser, à parler et à marcher comme les Cheikhattes. Et c’est ce qu’elle a fait, elle m’a dit « je suis avec toi Nabil sur ce film, le temps qu’il faudra, je ne prendrais aucun autre film ». C’est ce travail préparatoire, aussi long et aussi précis qui fait que vous voyez toute cette transformation en Nisrin.

  • Oui, cette force est une étiquette chez Nisrin, mais depuis l’annonce du film, on ressent cette douceur et cette sensibilité que l’on ne voyait pas en elle avant ? 

Ce qui rend Nisrin exceptionnelle, c’est qu’elle est une actrice aux multiples facettes. Elle n’est pas seulement forte ou puissante : elle incarne une sensibilité profonde et une fragilité émouvante, comme on peut le voir dans le film. Elle a cette capacité rare de se glisser dans la peau de n’importe quel personnage, en explorant différentes nuances et approches, toujours avec une authenticité saisissante.

  • Quel directeur est Nabil ?

Le meilleur ! Le meilleur réalisateur avec lequel j’ai travaillé jusque-là. Beaucoup de réalisateurs ne seront pas contents. Je vous avoue que je rêvais de travailler avec lui et je me disais pourquoi il ne m’a jamais sollicité. J’ai fini par comprendre qu’il me réservait un grand rôle comme celui de Touda.

  • C’était difficile d’intégrer l’esprit des Cheikhates dans votre jeu ? Pourtant, on pourrait penser que toutes les Marocaines maîtrisent les codes du Chaâbi…

Nabil Ayouch : Ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Cela demande à une actrice une concentration énorme et une volonté d’incarnation exceptionnelle. Nisrin possède ces qualités, et ce qu’elle a accompli dans ce film est unique. Elle m’a surpris à de nombreuses reprises : elle a su puiser en elle des ressources insoupçonnées, bien au-delà de ce que j’imaginais au départ. À force de travail, nous avons construit un lien et une relation qui allaient au-delà des mots. À un certain moment, les non-dits suffisaient : nous nous comprenions sans avoir besoin de parler.

Nisrin Erradi : Nous sommes effectivement allés très loin dans le travail de direction d’acteurs. C’était difficile pour moi au début, car je connaissais très peu le monde des Cheikhates. Mais tout le travail préparatoire avant le tournage m’a permis de prendre confiance en moi. Grâce à cela, j’ai pu plonger totalement dans le rôle et incarner Touda avec authenticité.

  • Incarner des personnages puissants et nuancés, cela devient votre spécialité ?

Nisrin. J’ai toujours voulu incarner des femmes fortes et puissantes. Grâce à Nabil, jouer Touda m’a résolument permis de tout donner et de tout sortir du plus profond de moi-même.

Nabil. Touda, c’est un rôle qui attendait Nisrin. Il était là, posé dans un coin depuis quelques années. J’y pensais, j’en parlais avec Maryam souvent et j’attendais de trouver mon actrice. C’est vraiment en voyant Nisrin dans « Adam » et en apprenant à la connaitre que je me suis dit « c’est elle, ce sera elle ».

  • Des similitudes avec votre film Whatever Lola Wants, qui explore également la danse au féminin ?

Oui, il y a des similitudes, notamment parce que les deux films intègrent la danse et mettent en lumière des personnages féminins. Cependant, Whatever Lola Wants s’intéresse davantage au lien entre l’Orient et l’Occident à travers la danse orientale. Avec Touda, c’est différent : on plonge dans une année de la vie d’une femme, une année dans la vie de Touda. Le film suit son parcours intérieur, son voyage géographique, et sa quête d’élévation sociale dans une société comme la nôtre. À travers son art, l’Aïta, il aborde des thématiques universelles. En voyageant avec le film, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, j’ai réalisé à quel point le parcours de Touda, cette femme marocaine, résonne avec celui d’autres femmes à travers le monde. Ce chemin vers l’émancipation et la reconnaissance, cette lutte, trouve un écho universel.

  • C’est finalement un film pour la condition de la femme Cheikha marocaine ?

Non. C’est un film qui suit le parcours d’une femme, avec ses rêves, ses espoirs, ses déceptions et avec sa volonté farouche, d’y arriver coûte que coûte pour elle et pour son fils.

  • Vous vous sentez à chaque fois investi d’une mission en faisant des films ?

Nabil. Il y a plutôt un devoir de vérité : dire et exprimer des choses qui me semblent cruciales à entendre, donner un visage à un personnage qui doit être vu et regardé, ouvrir les consciences, ouvrir les âmes sur une manière de voir ces femmes, ces Cheikhattes, dont l’image s’est pervertie avec le temps. Ces femmes sont des artistes, mais aussi des héroïnes qui ont joué un rôle très important au XIXᵉ siècle dans l’histoire de notre pays. Nous avons tendance à l’oublier. Depuis les années 1950 et 1960, avec l’exode rural, elles ont quitté leurs villages pour les grandes villes. Là, elles ont été obligées de chanter et de danser dans des lieux où circulaient l’alcool et l’argent. D’un coup, elles sont passées du statut d’héroïnes à celui de prostituées ou de femmes de mauvaise vie. Cheikha est ainsi devenu une insulte. C’est une injustice majeure. Il est important de se rappeler que s’amuser en écoutant l’Aïta, puis insulter celles qui la chantent le lendemain, est un paradoxe que je ne peux accepter. J’ai eu envie de faire ce film pour dire aux gens : allez-y, écoutez-les, regardez-les pour ce qu’elles sont vraiment. Leur redonner un statut et une dignité, c’est essentiel.

Nisrin Erradi : À travers ce rôle, je voulais vraiment faire passer le message que les Cheikhattes sont de véritables artistes.

  • Quelle Cheikha vous a inspirée pour mieux plonger dans le rôle ?

Nisrin. C’est Khadija ElBidaouiya !

Nabil. Khadija ElBidaouiya, c’est une de nos dernières grandes Cheikhattes que l’on avait en vie jusqu’à présent, elle faisait partie des trois cheikhattes qui ont coaché Nisrin. Elle est morte pendant la préparation du film.

  • Le film traite ce devoir de valoriser la notion de transmission ? 

Tous les arts se perdent s’il n’y a pas de transmission. Aujourd’hui « l’Aïta » ne se transmet plus, à part de rares Cheikhattes que l’on a citées comme El Mesfiouiya qui est dans l’orthodoxie de « l’Aïta » qui connait tous les registres, il y a très peu de Cheikhattes de 25 ou 30 ans d’âge qui continuent à perpétuer cet art. C’est comme nos artisans, nos artistes Maalams, s’il n’y a pas de jeunes générations qui peuvent prendre le flambeau, ça aussi ca va se perdre ce patrimoine culturel immatériel est si important il faut le préserver et le mettre dans les conditions pour le protéger. L’art de « l’Aïta » est un vrai patrimoine.

  • Démocratiser « l’Aïta » au point que le film inspire des jeunes de s’initier à cet art ?

Nisrin. On ne décider pas du jour au lendemain de devenir une Cheikha, ce n’est pas comme dans le film. Il faut avoir un talent, une voix de Cheikha, et une âme de Cheikha.

Nabil. Pour moi si le film permet que l’on change le regard que l’on porte sur les Cheikhattes, ce serait un premier pas.

  • Vous avez effectué une grande tournée dans le monde, le film a-t-il été bien perçu et compris ?

Absolument. J’ai assisté à une projection à Los Angeles et j’ai compris que « Touda » est un personnage qui parle au monde entier, ce n’est pas un film uniquement adressé au public marocain. Des gens à Los Angeles après la projection, m’ont affirmé qu’après avoir vu le film, ils ont compris le monde des Cheikhattes, ils s’en sont plus rapprochés.

  • Une académie de chikhattes en vue, pour poursuivre le travail sur la réhabilitation des Chikhattes au Maroc ?

Nabil. Ce qui est bien dans le cinéma, c’est que les êtres partent et disparaissent mais les films et les personnages restent ! J’espère que le personnage de Touda va rester, va traverser les années qui viennent. En tous les cas c’est un personnage fort, puissant et qui s’impose.

Nisrin. Je me souviens après le tournage, je voyageais beaucoup pour oublier le personnage, le rôle … et j’appelais Nabil pour lui dire que Touda est toujours en moi. J’ai vécu longtemps avec elle et je pense que le film va vivre longtemps avec les gens. Touda n’est pas un personnage que l’on va vite oublier.

  • Les femmes marocaines et arabes en général vont-elles, selon vous reprendre goût à l’Aïta ?

Nabil. On espère que des femmes vont s’en emparer et qu’elles vont y voir ce que j’ai voulu y dire et y raconter.

Nisrin. Lors du festival El Gouna, une femme est venue me voir après la projection pour me dire « Nisrin, je veux te dire que nous sommes toutes Touda »

Entretien réalisé par Ilham Benzakour Knidel

Allée des Oliviers à la Mamounia Marrakech

Captation et montage B-Photographe

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Magnifique Montée des marches pour le couple Nabil Ayouch et Maryam Touzani en ce samedi 28 mai 2022, jour de cloture du 75è Festival de Cannes. La réalisatrice dont le film est primé du prix de la critique Internationale (FIPRESCI) portait un caftan de sa maman.

Nabil Ayouch et Maryam Touzani aux cotés de lactrice Lubna Azabal, héroine du film « Le Bleu du Caftan »

Aux bras de son mari Nabil Ayouch, son grand amour, le papa de son fils et son mentor pour le cinéma, l’ex=journaliste, réalisatrice, scénariste et co=productrice a foulé le tapis rouge cannois de façon magistrale dans un caftan de sa maman. Sur les crépitements de flash sur celle qui a été honorée jeudi dernier d’une grande consécration inédite pour son pays et pour le cinéma marocain par le prix décerné à son film « Le Bleu du Caftan », celui qu’elle portait, était lui de couleur noir et or, à la découpe rétro et aux finitions traditionnelles, noué à la taille par un simple Majdoul, une toilette finement coordonnée au smoking parfait de son mari.

Maryam porte un caftan de sa maman, à la découpe rétro et aux finitions traditionnelles

Le couple Ayouch, par cette belle vitrine sexy et glamour d’un Maroc beau et brillant, a fait du caftan un bel étendard made in Maroc de liberté, de modernité et de force.

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De fil en aiguille, Maryam Touzani dresse un portrait plein d’humanité et de délicatesse d’un couple qui s’aime malgré la maladie, malgré l’identité non assumée. Malgré tout. Le Bleu du Caftan présenté dans la section « Un Certain Regard » est une œuvre qui tisse l’émotion à la caméra comme on tisserait un caftan traditionnel à la main. Bouleversant. 

Equipe du film « Le.Bleu du Caftan » @Christophe.Simon.AFP

Pour son deuxième long métrage et pour sa deuxième sélection à Cannes, Maryam Touzani choisit les traditions, la transmission, l’amour et la passion. Dans « Le Bleu du Caftan », la cinéaste marocaine puise dans la beauté et l’authenticité d’un vieux caftan de famille pour raconter le style, la grâce, la tristesse de voir un art ancestral disparaitre, la déchirure d’un amour interdit, d’un soi constamment caché. Dans cette deuxième œuvre, la cinéaste se révèle tout en continuant à braquer les projecteurs sur les minorités et les traditions qui se perd. Une Maryam Touzani nostalgique et passionnée qui pense sa narration tel un patron de caftan fait pour traverser le temps.

Le bleu de tes yeux

Halim et Mina sont unis par les liens sacrés du mariage sauf que Halim porte en lui un sacré secret. Halim est homosexuel. Malgré toute la tendresse et l’amour qu’il porte à sa compagne de vie, il vit ses moments de vérité dans un hammam, loin des yeux de la société. Quand Mina tombe malade, et que Youssef, un nouvel apprenti entre dans leur vie, le couple voit son équilibre chamboulé. La caméra de Maryam Touzani semble mue par un amour sincère de ses personnages, et une sensibilité bienveillante bienvenue. La réalisatrice puise dans la force et la passion d’acteurs qui crèvent l’écran. Saleh Bakri en couturier meurtri par la vie et l’enfance, qui a trouvé refuge dans un mariage de convenance qui l’apaise et le guérit malgré tout , est saisissant. Son mutisme en dit long, son corps parle pour lui, et ses gestes sont précis. Il campe brillamment un Halim d’une pureté rare même s’il se sent souillé, un artiste souvent incompris, un amoureux transit. L’acteur palestinien a fait un travail admirable sur la darija faisant tomber les barrières de la langue et nous laissant saisir par la magie du cinéma. L’exercice sera plus difficile pour Lubna Azebal mais son charisme, son jeu subtil et sa présence la sauvent. Un aura qu’elle offre à la caméra de la cinéaste marocaine, faisant de chacun de ses passages, un moment de grande sincérité et de grâce. Une grande actrice qui prouve encore une fois un autre visage et prouve qu’elle est multidimensionnelle. Le couple à l’écran fonctionne. Leur complicité à l’écran est d’une rare sincérité. La prestation du jeune Ayoub Missioui est à saluer. Touchant, sa présence est justesse et douceur. Un trio convaincant !

Equipe du film Le Bleu du Caftan

Sauver l’amour

La force du film réside dans une mise en scène certes classique mais efficace. Les personnages et leurs trop plein de sentiments, ou pas assez,  sont au cœur de l’intrigue et au corps de la caméra, souvent rapprochée, dans ce huis clos d’une médina dont on ne sort pas. Du magasin à la maison, sauf un moment dans un café d’hommes sera la seule respiration. Une scène forte sublimée par la suivante, celle  d’un contrôle de police dans les rues qui fera ressortir tout l’interdit imposé par soi avant d’être imposé par l’autre. Les moments forts du film font oublier les maladresses. L’histoire se tricote au fil des minutes, la tension émotionnelle se met en place comme on s’appliquerait sur une broderie qui nécessite du temps et de la patience. On ne perd jamais le fil et l’on est happé par le sensoriel. Le toucher du tissu, le goût des clémentines, la magnifique odeur des caftans , les couleurs des ornements, la musique des ruelles, la vapeur du hammam dont on se lasse pas tant les moments cachés sont exquis.  La grande force de ce film réside probablement dans le fait d’avoir réussi à mettre en avant les fêlures sans les rendre trop grossières, dans un grand-huit émotionnel maîtrisé de bout en bout , dont , même les lenteurs donnent une dimension sensitive au film. Une œuvre ouvertement bienveillante dont la fin courageuse conforte la magie du cinéma. Une œuvre libre dont le bleu est celui de la vérité, de la fraîcheur, et de la pureté.

Lubna Azabal Le Bleu du Caftan

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Après la sortie grandiose de son dernier long métrage « Haut et Fort », Nabil Ayouch revient avec autant d’engagement et de créativité sur la scène artistique nationale en lançant la plateforme du cinéma marocain Aflamin, autour d’une belle soirée au cinéma Lutecia de Casablanca.

Véritable outil de découverte du 7ème art dans toute sa diversité, la nouvelle plateforme de streaming du cinéma marocain Aflamin compte une large offre de films indépendants du Maroc mais aussi de tous les continents, pour la plupart primés dans les plus grands festivals internationaux. « Les Marocains, et en particulier la jeunesse de notre pays, aiment leur cinéma. Et pourtant ils ont assez peu d’opportunité de voir ou de revoir les films récents ou du patrimoine. Notre ambition est non seulement de reconnecter le public marocain, à son cinéma mais aussi de valoriser le travail des cinéastes en proposant une nouvelle fenêtre de diffusion pour nos œuvres », a déclaré le cinéaste marocain à l’initiative louable du projet qui donne un accès légal aux productions nationales et contribue aussi à la dynamique de l’industrie cinématographique marocaine. Deux années seront requises afin que la plateforme puisse présenter la quasi-totalité du cinéma marocain et cela via des fiches bien élaborées sur chaque film et sur diverses thématiques.

Sur une interface moderne à l’image des grandes plateformes internationales, l’offre de cinéma promet d’être riche et bien ciblée pour un public de cinéphiles, “ Autant national qu’international, le public est avide de culture et de cinéma « à la demande ». Les plateformes VOD internationales déjà présentes offrent peu de cinéma marocain. AFLAMIN se propose de creuser un nouveau canal autour de notre cinéma national mais aussi avec une offre de cinéma international indépendant. Notre idée est de bâtir une nouvelle audience de cinéphiles, la plus large possible, parmi nos concitoyens”, souligne Kenza Safouane, directrice générale de AFLAMIN.

AFLAMIN a été créé en 2022 par la start-up Good Fellows à l’initiative du réalisateur Nabil Ayouch et de Ali n’ Productions. Le public peut accéder aux films (en numérique HD) via le site web www.aflamin.com sur les applications Smartphone (Android et Apple) et sur Smart TV Android. 

  • Plus de 200 heures de contenu disponible dès à présent
  • 3 à 5 films mis en avant tous les mois
  • Plus de 40 réalisateurs nationaux et internationaux qui ont fait confiance à AFLAMIN
  • 3 formules d’abonnement, sans engagement avec 5 jours gratuits : 
      • 1 mois pour 45 Dhs
      • 3 mois pour 120 Dhs  
      • 6 mois pour 230 Dhs

Tous les longs-métrages peuvent être loués à l’unité pour 48H, à 20 Dhs. 

Les utilisateurs peuvent régler leurs achats directement via carte bancaire (Visa et MasterCard) ou en espèces en utilisant le “Wallet AFLAMIN” mis à leur disposition sur la plateforme. 

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S’il était un bon candidat pour cette onzième édition de la Coalition française pour la diversité culturelle, ce serait incontestablement le réalisateur, scénariste et producteur marocain, qui a signé cette année son dernier long métrage autobiographique qui a bouclé vingt années d’engagement pour la jeunesse marocaine marginalisée.

Avec « Ali Zaoua » sorti en 2000 qui a donné naissance à une fondation du même nom et « Haut et Fort » en 2021, Nabil Ayouch inscrit son action en tant qu’artiste et entrepreneur social dans une pleine initiative pour la diversité culturelle au Maroc par entre autre la création de centres socio-culturels dans différentes villes du pays (Casablanca, Tanger, Fès, Agadir et Marrakech).

Créée en 1997, la Coalition française pour la diversité culturelle regroupe aujourd’hui une cinquantaine d’organisations professionnelles du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de l’édition, de la musique, des arts graphiques et plastiques et du multimédia. Ensemble, elles défendent la liberté d’expression et de création, et le droit pour chaque État de définir des politiques de soutien à la création. 

Dans le cadre de son action, la Coalition remet depuis 2011 les prix de la Diversité Culturelle afin d’accompagner des initiatives, de récompenser des personnalités dont le parcours professionnel, personnel ou artistique est caractérisé par un investissement fort pour la création et la culture et ainsi encourager de bonnes pratiques pouvant contribuer à promouvoir et à défendre la diversité culturelle. L’année précédente, c’est Audrey Azoulay qui avait hérité de ce titre pour le festival « Les Suds, à Arles et la structure Rualité ».

Nabil Ayouch est fondateur de la Coalition marocaine pour la diversité culturelle.

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Le cinéaste marocain, sa femme Maryam Touzani et sa team d’acteurs portent des créations du styliste Ali Drissi hymne à une mode engagée et responsable, sur le tapis rouge de l’avant-première casablancaise de « Haut et Fort », une mode résolument Made in Maroc.

« How Dare You » le message graffé par DarkSide Gallery sur les vêtements imaginés par Ali Drissi pour habiller Nabil Ayouch, sa femme Maryam Touzani et ses acteurs pour l’avant-première de « Haut et Fort »

Ce n’est pas seulement le cinéma qu’utilise Nabil Ayouch pour éveiller les consciences mais également la mode pour faire passer des messages, libérer, émanciper et impacter la jeunesse jusqu’au bout de leur manière de s’habiller.

Pas de strass ni de paillettes pour cette cérémonie émouvante de la présentation au public de son dernier film « Haut et Fort » mais un vestiaire pointu, sorti tout droit des ateliers Ali Drissi. Le cinéaste marocain récidive avec le créateur qui avait habillé Nabil et ses jeunes acteurs du film pour la fameuse Montée des Marches du festival de Cannes. Dans la continuité de la collection faite pour Cannes, ces nouvelles créations imaginées pour la présentation du film à Casablanca expriment haut et fort les codes de Tanya, la marque naissante des Ateliers Ali Drissi, écologique, citoyenne et solidaire.

« Pour Nabil Ayouch, j’ai choisi une veste saharienne en toile de coton organique sur un pantalon droit accordé dans la matière et un t-shirt de soie végétale. Pour Maryam Touzani, c’est un pantalon en toile de coton organique on trouve un top asymétrique en crêpe de soie végétale maintenu par un harnais tissé des chutes restant du top cité précédemment. Pour le détail nous avons ajouté des zips argentés, apportant une touche rock supplémentaire » nous explique le créateur de mode. Une avant-première bien singulière au coeur de la ville blanche qui a pris des allures de podium de création. « La veste du producteur du film, Amine Benjelloun, est inspirée du modèle perfecto, en coton organique avec incrustation de tissage Tanya (à partir de denim cirés) sur le haut des manches », poursuit le designer marocain.

La mode des mots

Si les frontières entre le cinéma et la mode sont souvent invisibles, entre le cinéaste et le designer on peut aisément parler de connexion alchimique. Le réalisateur dans son film, donne la parole aux jeunes dans une forme de comédie musicale où le verbe en Darija se fait presque poésie. Il était donc naturel pour Ali Drissi de faire échos aux messages du film avec des pièces graffées qui ont fait sensation sur le tapis rouge du Mégarama de Casablanca. On pouvait lire « How Dare you ? » sur les tenues de Nabil Ayouch et Maryam Touzani et « There is no planet B » sur celle de Amine Benjelloun, le Producteur de « Haut et Fort ». Cela vous dit quelque chose? Surement. Le premier, sont les mots prononcés par Greta Thunberg aux dirigeants du monde lors du sommet de l’ONU « Climate Action » de 2019. Le second message est l’un de ceux que l’on voit le plus sur les pancartes de manifestants pour ces mêmes actions pour le climat. Et pour rester dans ce monde du Hip Hop, ADN du film de Nabil Ayouch, avec ses diverses disciplines, l’impression des messages a été confiée à une galerie nouvelle venue dans l’espace artistique Casablancais : DarkSide Gallery, spécialisée dans l’art contemporain Urbain et qui représente le haut du panier des artistes urbains aussi bien marocains qu’étrangers. À son actif, vingt ans d’expérience dans l’Art Urbain, et une passion pour l’art sans limite, DarkSide concentre l’attention sur la nouvelle génération de talents issue du Street Art et de l’art digital. 

« Darkside Gallery a ajouté sa touche urbaine à nos créations, trois pièces imaginées pour Nabil Ayouch, Mariam Touzani et Amine Benjelloun mixant l’énergie créatrice de l’art urbain et la vision engagée de Tania pour faire écho à l’univers du Film Haut et Fort de Nabil Ayouch, sa fougue créatrice, son humanité et son engagement social » nous confie Ali Drissi. 

Nabil Ayouch et Maryam Touzani à l'avant-première du film "Haut et Fort" au Mégarama de Casablanca
Dressing crée par Ali Drissi inspiré du film et de son message envers la jeunesse marocaine

@Mrdrissi
@darkside_collective_
Nom de l’artiste : Skash  @skash.on
Représenté par DarkSide Gallery
Photos : Brahim Taougar
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L’une des plus effervescentes avant-premières jamais organisée à Casablanca, marquera bien longtemps les esprits du monde du cinéma marocain. « Haut et Fort » de Nabil Ayouch est enfin dans les salles au Maroc. Vives émotions en images.

Le sujet est on ne peut plus vif et le film est déjà dans son destin inédit d’un parcours cinématographique d’excellence. « Haut et fort » de Nabil Ayouch s’enrichit de plus en plus d’épaisseur : Sélection officielle au festival de Cannes, celui de Cartage à Tunis et bientôt dans la course aux Oscars dans la catégorie « Films Étrangers ». Le voici vivant une levée de voile vibrante au grand-public Casaoui pour la première projection grand-public depuis la révélation du film. Un rendez-vous tant attendu au Maroc. C’est alors haut est fort que les rencontres avec la presse marocaine et Nabil Ayouch, les acteurs et les journalistes, ont eu lieu en plein quartier légendaire du Maarif à l’hôtel Onomo.

Ce fut l’effervescence au complexe Megarama, en fin de journée de ce mardi 2 novembre avec un public casablancais, venu nombreux et une présence notable de personnalités publiques de tous bords. L’accueil fut très chaleureux avec une ovation particulière faite aux acteurs et leur réalisateur bien heureux. Un moment de grand fierté bien partagée. 

Nabil Ayouch entouré de Driss Jettou ancien Premier Ministre et de Mohamed Sajid ancien Maire de la ville blanche, lors de l'avant-première de son dernier film "Haut et Fort" au Megarama de Casablanca / Photos : Brahim Taougar
L'équipe du film
Samia Akariou en complicité avec Zineb Boujemaa et les autres acteurs de "Haut et Fort". À gauche, Monique El Grichi de Mosaik
Moment d'émotion entre le réalisateur et son acteur, Nabil Ayouch l'artiste et Anas Basbousi sa muse, l'acteur révélé par le cinéaste dans son dernier film "Haut et Fort"
Nabil entouré de son père le publicitaire Noureddine Ayouch, de sa femme et de la productrice Dounia Benjelloun
La journaliste Fathia El Aouni
Nabil Ayouch avec le Professeur Driss Moussaoui
Nabil Ayouch et Anas Basbousi avec Salim Cheikh et sa femme Wydian Larouz
Nabil Ayouch et sa femme Maryam Touzani avec Neila Tazi
Anas Basbousi
Nabil Ayouch et Maryam Touzani habillés par le créateur Ali Drissi

 

Enfin, c’est au nouveau restaurant espagnol, en plein Boulevard Zerktouni, Casa Del Andaluz, que cette fête offerte à l’occasion de la sortie du film, que l’équipe organisatrice a élu domicile pour offrir aux invités un After d’exception. La boucle de rencontres marathon s’est voulue une pure célébration culinaire sous l’émotion du goût relevé des petits plats espagnols savamment concoctés par une autre belle graine de l’art culinaire maroco-espagnol, le célébrissime Chef Momo, nouvellement installé pour le plus grand bonheur des épicuriens Casaouis et des addicts de la fiesta Andalouse.  

Abdellatif Khizrane et Noureddine Ayouch / Photos : Brahim Taougar
Nabil Ayouch, son père Noureddine Ayouch et Chef Momo alias Mohamed Abid
Chef Momo, entouré de Saida Azbane et Nabil Ayouch
Le créateur Ali Drissi et Noëlle Furukawa de l'Iloli
Abdellatif Khizrane et Salim Cheikh DG de 2M
Nabil Ayouch et Maryam Touzani
Chef Momo, Nabil Ayouch et Ismail Adouab
Anas Basbousi, Ismail Adouab, Zineb Boujemaa, Lydie Janssens et Chef Momo
Abdellatif Khizrane, le couple Ayouch et Ilham Benzakour
Lucie Chopart photographe avec Nabil Ayouch, sa femme et ses acteurs

 

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Après la folle aventure du film « Haut et Fort » en sélection officielle au festival de Cannes et la fameuse montée des marches de Nabil Ayouch avec son équipe de film, l’émotion se poursuit à la veille de la sortie nationale du dernier long métrage du réalisateur marocain. Nabil, Anas, Ismail et Zineb ont joué le jeu de la pose photo sur les toits de Casablanca, quelques heures après la projection presse de « Haut et Fort Casablanca Beats »

Nabil Ayouch, Anas Basbousi, Ismail Adouab, et Zineb Boujemaa captés sur les toits de l’Onomo Hotel par l’objectif de Kamal Harakat

Vingt ans après Ali Zaoua qui avait bousculé les consciences, « Haut et Fort » est en train de faire un boum boum culturel pour mieux optimiser le changement de la société marocaine et impacter l’évolution de la jeunesse. C’est toute la démarche engagée du réalisateur marocain tout au long de sa longue carrière.

« J’ai appris à regarder le monde dans un centre culturel comme celui-là. Il y’a une quarantaine d’années, en banlieue parisienne. Je ne serai pas devant vous aujourd’hui si je n’étais pas passé par là, et si je n’avais pas compris que les arts et la culture pouvaient changer une vie, bouleverser un destin…. Le fait de nous retrouver, quarante ans plus tard, de l’autre côté de la Méditerranée, avec les talents de ces jeunes, leurs rages et leurs énergies…Ils font honneur à leur pays. J’ai envie de les remercier mille fois, parce que j’ai l’impression qu’il y a une boucle qui se boucle aujourd’hui » Nabil Ayouch devant le public après la projection du film en France.

Une fin de partie pour cette presque mission que s’est assignée le cinéaste de bousculer la jeunesse marocaine marginalisée par la culture ? On voudrait bien le croire!

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Rayonnants et plus que jamais inspirants, Nabil Ayouch et Maryam Touzani font leur tournée des festivals pour le film « HAUT et Fort « . Le couple s’arrête cette semaine sur le tapis rouge du festival du Film Francophone d’Angoulême et nous livre de beaux portraits, forts en émotion.

Nabil Ayouch et Maryam Touzani au festival d’Angoulême (Crédit photo : Christophe Brachet)

Personne n’a oublié le sacre du dernier film de Nabil Ayouch, hissé en compétition officielle au festival de Cannes en juillet dernier, où le long-métrage « Haut et Fort » avait été projeté sous l’ovation du public. Le film qui raconte l’histoire d’une jeunesse défavorisée qui cherche à s’émanciper par le Hip Hop, poursuit son parcours sur les grands podiums internationaux des plus prestigieux festivals cinéma dans le monde. Personne n’a oublié la belle image du couple de cinéastes qui fait rêver au-delà de la Méditerranée. Les deux tourtereaux du septième art marocain, main dans la main, étaient hier, mercredi 25 août, à la 14ème édition du festival du Film Francophone d’Angoulême, où « Haut et Fort » a été projeté dans la catégorie « Ciné & Concerts ». Le couple a pris la pose dans des clichés noirs et blancs qui racontent parfaitement et fidèlement l’aura et le style de Monsieur et Madame Ayouch.

Le réalisateur marocain Nabil Ayouch au plus près de la jeunesse marocaine défavorisée avec son film « Haut et Fort » (Crédit photo : Christophe Brachet)

Le festival qui célèbre depuis plus de 10 ans le cinéma francophone, défend un cinéma populaire et subtil, qui enthousiasme les professionnels comme les amateurs, les néophytes comme les cinéphiles. Il met à l’honneur les films d’aujourd’hui, ceux du passé mais aussi les talents de demain.

(Crédit photo : Christophe Brachet)

 

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« Pour ma prochaine collection « Tanya », j’ai justement voulu rallier ma conscience écologique et mon ambition de faire de la mode responsable et citoyenne »

Nabil Ayouch a fait appel au créateur marocain Ali Drissi pour habiller l‘équipe du film « Haut et Fort », lors de la Montée des Marches du festival de Cannes. Le styliste marocain a réussi un bel exercice de mêler les codes du Hip Hop aux valeurs de la mode, le tout dans un total esprit éco-responsable, marque de fabrique du designer marocain, qui fait son chemin de croix pour imposer l’upcycling au Maroc. Résultat : Un vestiaire glamour, urbain et chic qui a fait rougir le tapis rouge cannois.

Le designer Ali Drissi, l’un des rares stylistes qui oeuvre pour une mode responsable, il est surtout connu pour son initiative louable envers les artisans des régions reculées qui souffrent des affres de l’épidémie du covid, à travers sa technique tissage baptisée « Tanya »

  • Habiller l’équipe d’un film qui est rentré dans l’histoire c’est historique aussi ? 

Si c’est le cas, je ne le réalise pas. Dans mon histoire avec un petit h, oui, c’est sûr. En tout cas, mon émotion était intense en regardant cette montée des marches. J’ai ressenti une grande fierté de voir le cinéma marocain à l’honneur sur le tapis rouge le plus prestigieux au monde. Et l’émotion était d’autant plus intense, car en quasiment un mois, j’ai eu l’opportunité de côtoyer de près cette équipe pleine d’authenticité, de rêves et de bienveillance. Les voir à Cannes, c’était du pur bonheur !

  • Comment a opéré ce projet et comment avez-vous procédé pour réussir votre mission de sublimer les protagonistes de « Haut et Fort » ?

L’équipe de Nabil Ayouch a pris contact avec moi pour me briefer et je suis allé leur présenter mon projet pour le Tapis rouge. J’avais au préalable fait mes recherches et compris que le film racontait l’histoire des jeunes du centre culturel les étoiles de Sidi Moumen qui ambitionnent de percer dans le monde de la musique et plus spécifiquement du Hip Hop. Un genre musical très intéressant sur le plan stylistique tant il renvoie à des silhouettes fortes et des pièces de vêtements qu’on connait tous, comme le bombers ou le pantalon cargo…Après, il a fallu rendre cet univers très urbain, plus chic, plus Tapis rouge.

  • C’est ainsi que l’on pourra montrer la puissance de la mode comme véritable langage culturel ?

En effet la mode est un langage, ce qui permet aux designers d’exprimer leur sensibilité et leur manière de percevoir le monde. Sur ce projet en particulier, ce que j’ai voulu exprimer, c’est que l’on peut faire du beau, sans pour autant utiliser des matières hors de prix ou de la paillette et du strass à outrance. J’ai plutôt voulu montrer que l’art du tissage bien marocain, bien de chez nous, a clairement sa place sur des pièces pointues et sur un tapis rouge.

  • Pour vous c’est une double réjouissance : mêler mode et cinéma et vous engager pour la jeunesse marocaine ?

Évidemment ! Tout d’abord, je suis cinéphile, donc le projet m’a tout de suite enthousiasmé. Que le film porte un message d’espoir pour la jeunesse marocaine est simplement un cadeau ! A mon échelle, je fais de mon mieux pour impacter positivement notre vivier national de jeunes talents de designers en les accompagnant pour construire leurs projets professionnels et leurs stratégies de marque.

  • Quel jeune êtes-vous ? Comment vous en êtes-vous venu à la mode? 

J’étais un jeune plutôt calme, et j’ai eu une scolarité sans histoire. Ceci dit, j’ai toujours dessiné, depuis mes 6 ans et déjà à ce moment, j’étais très attiré par les métiers de la mode et du design. Cependant, j’ai d’abord travaillé dans le Corporate pendant plus d’une dizaine d’années avant de faire une rencontre, celle de Fathia El Aouni. C’est elle qui a été la première à croire en moi et à me donner la chance d’exposer mes premières créations dans sa maison d’art, Anna Kaona. Les évènements se sont ensuite enchainés, et cela fait 7 ans que cela dure. Mon entreprise aujourd’hui comporte un bureau de tendances et de style, un atelier textile et un cabinet de conseil en image. Tous les jours, nous faisons preuve de créativité pour assurer sur les trois tableaux.

  • La mode c’est sûrement un rêve pour beaucoup de jeunes. Que leur conseillerez-vous? 

De travailler, d’être assidus, de partir du principe qu’ils vont « galérer », au moins au début. De ne surtout pas faire de concession avec leur sens du beau, de s’entourer des bonnes personnes et de parler haut et fort de leurs projets à qui veut bien l’entendre.

  • En cette ère de covid, la mode tente de se responsabiliser, vous y croyez forcément mais est-ce plus facile de pratiquer la mode sustainable au Maroc? 

A l’instar de beaucoup d’entreprises, la crise sanitaire mondiale a provoqué de belles prises de conscience. Dans mon cas, beaucoup d’artisans indépendants avec qui je travaille (brodeuses, tisseuses, maroquinier, etc) se sont retrouvés sans revenus pendant des mois. Et pourtant, ces artisans portent en eux un patrimoine culturel marocain inestimable. Pour ma prochaine collection « Tanya », j’ai justement voulu rallier ma conscience écologique et mon ambition de faire de la mode responsable et citoyenne. En effet, depuis 2 ans, nous développons Tanya, comprendre « تانية », une technique permettant de créer des surfaces tissées à partir de vêtements usés, de chutes de tissu et de stock de tissus obsolètes. Son ADN est résolument social et solidaire et inspire son propre modèle de développement, son processus de création et son mode de fonctionnement opérationnel. Son intention : proposer un vêtement tendance, éco responsable mettant en avant le talent des tisseuses marocaines dans les régions les plus reculées.

Ali Drissi dans son atelier

L’équipe du film « Haut et Fort » lors de la montée des marches du festival de Cannes, habillée par le designer marocain Ali Drissi

L’équipe du film « Haut et Fort » lors de la montée des marches du festival de Cannes, habillée par le designer marocain Ali Drissi

L’équipe du film « Haut et Fort » lors de la montée des marches du festival de Cannes, habillée par le designer marocain Ali Drissi

 

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