La journaliste de 2M.ma prend part au mouvement « Les femmes sur leur 31 » et nous livre ses pensées sur la journée de la femme.
- Que représente pour vous l’expression « Se mettre sur son 31 »?
Selon moi, cela veut dire se montrer sous son meilleur jour. C’est parfois une obligation de la société envers les femmes, et c’est aussi un privilège pour d’autres femmes. Mais je pense que nous les femmes, dans nos rôles du quotidien en tant que mère, en tant que femme, en tant qu’amie, sœur, fille… on passe notre temps à donner et des fois on oublie qu’une source vide ne remplit même pas un verre. Et donc prendre soin de soi, ce n’est pas de l’indulgence, mais c’est nécessaire, c’est de la préservation de soi. Donc c’est important de toujours être sur son 31 et pas seulement se maquiller ou s’habiller, mais surtout prendre soin de soi mentalement, physiquement, de sa santé.
- Le 8 mars alors c’est une journée qui vous agace ?
Avec toute la bienveillance du monde, je n’aime pas le 8 Mars parce que je pense que ça a été perverti. On n’en célèbre pas l’objectif, on ne le célèbre pas correctement et surtout rien ne change après. Je suis une femme, et pour le 8 Mars je vais recevoir des fleurs ou un cadeau parce que je suis une femme. Mais ce même 8 Mars, quand je vais sortir dans la rue, je ne vais même pas faire 100 mètres sans me faire harceler. Ce même 8 Mars, en tant que journaliste, si je vais faire un micro-trottoir et que je pose une question à un homme, il y en a beaucoup qui ne vont même pas me répondre en me regardant, ils vont regarder mon cameraman. Ce même 8 Mars, si je suis une femme divorcée et que j’ai un gosse, je n’en aurai même pas la tutelle. Même si le père de mon enfant est un parent indigne je serai toujours obligée de revenir vers lui pour faire le passeport de mon enfant, l’emmener en vacances, lui changer d’école, etc… Donc on a là, je pense, tout un contexte social mais aussi un petit peu institutionnel qui fait que les choses ne changent pas vraiment après le 8 Mars. Voilà pourquoi je n’aime pas le 8 Mars.
- Quelle part donne votre programme et votre média à cette journée et à la cause féminine en général?
J’essaie de faire du mieux que je peux quand je travaille, pas pour changer les choses mais faire les choses correctement : Ne pas véhiculer de clichés, parler des choses qu’il faut aborder… Et ce que j’aime à 2M, ce que j’apprécie vraiment c’est qu’on a des femmes, beaucoup de femmes qui sont dans des postes de responsabilités, mais ce n’est pas de la Soft Power. Elles sont là, elles sont réellement ancrées dans leurs compétences, elles sont réellement respectées pour ça et voilà. Moi j’ai toujours adoré travailler au sein de femmes. J’ai été mentorée par une femme, j’ai été encouragée et guidée par une autre femme. En tant que jeune journaliste, je me suis toujours épanouie dans un milieu professionnel où il y a des femmes, et je n’ai jamais senti que c’était comme le veut le stéréotype « travailler avec les femmes est malsainement compétitif », bien au contraire. Je pense qu’on se comprend, qu’on s’encourage mutuellement.
- Et si vous citiez 31 adjectifs qualificatifs de la femme marocaine…
31 c’est beaucoup. Par contre je vais dire la femme « Roujoula », Battante, Combattante, Courageuse… c’est tout ça, moi je pense que la femme ne peut pas être résumée juste à 31 adjectifs. On est beaucoup de choses, on est tout à la fois.
« Les femmes sur leur 31 » est une action engagée bien féminine initiée par la rédaction de Hola! Maroc et celle de Visage du Maroc. D’une part le média des célébrités marocaines d’ici et d’ailleurs et d’autre part la plateforme qui met en avant les femmes marocaines entrepreneurs dans divers domaines prédominants de la société marocaine. Chaque deux mois, 31 femmes influentes de diverses univers se prennent au jeu de la photo et de la vidéo, vêtues d’un tee-shirt à l’effigie de la campagne « Les femmes sur leur 31 » et nous livrent leurs pensées sur le 8 mars.