Lorsqu’elle parle de son art, son visage s’illumine. Une passion née dans un contexte difficile, mais qui l’a aidée à transformer l’isolement en une aventure artistique inspirante. Installée au Maroc depuis près de dix ans, cette artiste d’origine palestinienne et jordanienne utilise la peinture pour tisser des ponts entre ses racines et son présent.
Une belle pause artistique chargée d’émotion et de profondeur avec l’artiste-peintre Maha A Shanableh, que la galerie Artspace, qui a l’art de savoir exposer les plus belles histoires de création d’oeuvres, accueille avec son exposition “Bab Al-Salam”. Une expo qui célèbre les deux identités du Maroc et d’Al Qods, entre diversité, paix et vivre-ensemble. Une exposition d’oeuvres merveilleuses, fruit de son identité de Jordanienne aux profondes origines palestiniennes, cette Palestine qu’elle n’a jamais vue ni approchée, mais qu’elle touche de son cœur et de son âme d’artiste. Des oeuvres qui mettent en scène le Maroc où elle vit depuis près de dix ans, avec ce souffle d’Al Qods que seuls les grands esprits peuvent saisir.
L’appel de la peinture : une révélation en pleine pandémie
C’est durant la pandémie que tout a changé. « L’enfermement m’a poussée à explorer ce que j’avais au fond de moi », confie-t-elle. Déjà attirée par la mode et le design – elle a d’ailleurs étudié le design d’intérieur –, elle décide alors de se lancer dans la peinture. « L’appel était si fort que j’ai commencé à suivre cinq heures de cours chaque jour à Rabat. C’était comme une méditation. Mon professeur lui-même était surpris par mes progrès. »
Son parcours artistique est aussi ancré dans son environnement familial. « Mes sœurs pratiquent le design et le dessin, et mes parents, bien que jordaniens, ont toujours cultivé nos racines palestiniennes. C’est cette connexion à la Palestine et à mes années au Maroc qui guide mon art. »
Le Maroc, source d’inspiration et d’éveil spirituel
Le Maroc a marqué un tournant décisif dans sa vie et son art. « Quand je suis arrivée, après avoir quitté Bahreïn où j’avais vécu longtemps, j’ai tout de suite ressenti une connexion avec cette terre. La diversité culturelle, les paysages, les couleurs – tout inspire ici. » Ses œuvres célèbrent cette fusion entre les cultures. Son exposition “Bab Essalam” (La Porte de la Paix) en est un exemple éloquent. « J’ai peint une porte marocaine ornée de feuilles d’or, symbolisant le lien entre la Palestine et le Maroc. Ces deux territoires partagent une richesse culturelle et un esprit de paix et de coexistence. »
L’art comme voix pour les femmes et la paix
Sa peinture est aussi un hommage à la femme arabe. « Pendant la pandémie, j’ai compris ce qu’est le vrai “women empowerment”. J’ai osé sortir de ma zone de confort et croire en mes capacités. À travers mon travail, je veux montrer que chaque femme peut se dépasser et trouver sa vocation. » Ses origines palestiniennes imprègnent également son œuvre. « Peindre la Palestine, c’est exprimer la résilience et la quête de paix. Mon art reflète cet espoir universel, celui d’un monde réuni et apaisé. »
Entre vie de famille et passion artistique
Mère de trois enfants – Farès, Omar et Maya –, elle concilie avec brio sa vie personnelle et sa carrière artistique. « Ma famille est ma plus grande source d’inspiration et de soutien. Mon mari et mes enfants croient en mon travail, et même ma fille envisage de poursuivre des études en mode grâce à l’exemple de persévérance que je lui donne. »
L’artiste comme messager de paix
Alors que le monde traverse des crises et des conflits, elle voit dans l’art un moyen de rassembler. « Les artistes ont un rôle à jouer : celui de nettoyer le monde de ses tensions et de répandre l’amour et le vivre-ensemble. » Aujourd’hui, elle collabore avec Art Space et continue d’exposer ses œuvres, notamment en vue d’une exposition à Istanbul organisée par son frère, ancien ambassadeur. Chaque toile raconte une histoire, mêlant ses racines palestiniennes, sa vie au Maroc et son engagement pour la paix.
“L’artiste est le fruit de son environnement”, conclut-elle. “Mon art est une passerelle entre mes origines, ma vie de femme et mon aspiration à un monde meilleur.”