Fès et Florence, cités jumelles de l’âme : la 28e édition du Festival des Musiques Sacrées de Fès s’ouvre du 16 au 24 mai.
Florence fut le berceau de la Renaissance italienne, tandis que Fès rayonna bien avant comme centre de savoir et de spiritualité dans le monde arabo-musulman

Dans le silence vibrant des ruelles de la médina de Fès, l’écho des pas de Pierre Loti résonne encore, comme un murmure venu d’un autre temps. C’est dans ce dédale d’histoire et de lumière, au cœur d’une cité millénaire qui abrite la Quaraouiyine — la plus ancienne université du monde fondée en 263 de l’Hégire — que s’ouvre la 28e édition du Festival des Musiques Sacrées de Fès, du 16 au 24 mai 2025.
Fès, l’âme spirituelle du Maroc, incarne la mémoire vivante d’un monde où la foi se mêle à la sagesse, où la nature est perçue comme un espace sacré, reflet d’une cosmogonie ancestrale partagée par bien des peuples d’Afrique. C’est cette Afrique primordiale, berceau des rituels, des chants et des danses qui touchent au divin, que le Festival célèbre cette année avec une programmation d’exception.
Le thème de cette édition tisse un dialogue entre Fès et Florence, deux cités jumelles depuis 961, qui, chacune à leur manière, ont façonné l’âme de deux civilisations. Florence fut le berceau de la Renaissance italienne, tandis que Fès rayonna bien avant comme centre de savoir et de spiritualité dans le monde arabo-musulman. Toutes deux furent visionnaires, éclairées par le même souffle : celui du retour aux sources, de la quête de l’harmonie et de la beauté.
Le festival se veut ainsi un voyage mystique et pictural, un hommage aux renaissances de l’homme à travers les siècles, les continents, et les croyances. La scène de Fès vibrera au rythme des rituels soufis des femmes de Mayotte, des chants sacrés d’Oman, du Zaouli de Côte d’Ivoire, du Sama de Meknès, ou encore des tambours légendaires du Burundi. Le comédien malien Habib Dembelé sera le fil narratif de cette fresque vivante, où danseurs, chanteurs et musiciens convoquent le sacré par le geste, la voix et le souffle.
Alain Weber, maître d’œuvre de cette célébration des âmes, orchestre cette création aux côtés du chorégraphe Jean-Paul Méhansio, dans une scénographie lumineuse signée Christophe Olivier et enrichie de projections poétiques par les artistes de Spectaculaires. La chanteuse corse Battista Acquaviva fera résonner la voix de la Renaissance dans un dialogue rare entre traditions africaines et héritages méditerranéens.
Plus qu’un festival, cette 28e édition est un chant de l’humanité, un appel à reconnaître, dans la diversité des rituels, l’universalité d’un besoin spirituel : celui de relier ciel et terre, corps et âme, passé et avenir.
Du 16 au 24 mai, Fès devient de nouveau ce qu’elle a toujours été : un phare. Un sanctuaire où les musiques sacrées ne font pas que résonner, elles éveillent.
